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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 10:30

Je ne savais pas qu’il était ignoble de dire de quelqu’un qu’il était coréen parce que né en Corée.  J’ignore s’il est atroce de dire que quelqu’un est allemand parce que son père est allemand. Je ne devine pas s’il est injurieux de dire que quelqu’un est norvégien parce qu’il a aussi la nationalité norvégienne. J’aime à me dire moi-même fassi (né à Fez), et ce n’est pas par le goût de l’autoflagellation.

Il est étrange de croire qu’un adjectif puisse être offensant parce qu’il retrace une réalité. Pourquoi vouloir gommer à tout prix une origine, un statut, une expérience, une tranche de vie. A quoi rime cette tendance forcenée à croire qu’être français est binaire (on est ou on n’est pas en fonction d’un petit bout de papier produit par une administration). Certains sont plus français que d’autres parce qu’ils ont vécu plus d’expériences en France que d’autres : pour ma part, je me sens plus méditerranéen que d’autres pour avoir vécu une enfance sous des cieux maintenant étrangers ; je trouve moins de racines dans un terroir hexagonal que certains qui y sont nés, y ont fait leurs études, y ont gardé une maison, y retrouvent leurs camarades ; c’est un sentiment qui inspire parfois de la mélancolie de ne jamais se sentir complètement chez soi, mais qui est source aussi de fierté pour avoir connu des pays et des cultures autres.

La réaction de Vincent Placé est absurde. Elle traduit une absence d’ouverture d’esprit étonnante de penser qu’il est porteur de stigmates pour être né en Corée et avoir été adopté. Elle traduit un besoin politicien de tenter d’introduire des idées de racisme à tous les échelons de la discussion pour faire du buzz autour d’un propos qui est au plus inapproprié (on ne voit pas en effet ce que la Corée vient faire dans la définition d’un programme politique). La censure se définit comme une technique d’interdiction de propos qui contreviennent à une doxa. Nous y sommes en plein : la rationalité a perdu ses droits au profit de l’impression.

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