La fin du règne du consommateur est annoncée. Pendant des décennies il a massacré le producteur en réclamant à tue-tête des prix moins élevés, plus de service, plus de concurrence, en récoltant à la sortie des produits standards, à la qualité de plus en plus en plus discutable, fabriqués et/ou distribués par quelques grandes marques qui oppressent leurs sous-traitants. Ce délire d'ogre affamé de produits a conduit à une raréfaction du nombre de produits, et la diversité qui est une lutte légitime dans la défense des espèces est un combat oublié pour les consommateurs.
Au prétexte de pouvoir disposer de toujours plus, au moindre coût, s'est développé une fringale insatiable d'objets inutiles, de gadgets éphémères, de nourritures hors-saison, hors-sol. qui de fait ou spolient le producteur de sa rémunération légitime, ou le transforment en esclave lointain d'une demande mondialisée.
Mais la revanche approche, sous la double influence de la raréfaction des matières premières et de la révolte (ou de l'amélioration des conditions de vie) des esclaves. L'inéluctabilité de ces deux phénomènes est précipitée par la crise économico-financière qui frappe le globe : le consommateur-roi que les états encourageaient à consommer à coup de dépenses budgétaires extravagantes, de déficits commerciaux insoutenables, a creusé sa tombe. Les états occidentaux sont exsangues; leur caractère de rentier vivant du crédit et du travail d'autrui a été mis en pleine lumière. Il leur faut maintenant avouer piteusement que produire dans son pays est sain, que consommer ce que l'on peut payer est rationnel, et que pour arriver à ces fins il faut restaurer l'industrie, et rééquilibrer la balance entre ceux qui produisent et ceux qui consomment.