La politique n’est pas un métier. Ou plutôt ne devrait pas l’être. La réalité est tout autre en France : il y a ceux qui en ont fait une profession, et qui se targuent d’avoir une connaissance fine de tous les rouages de l’état, une aptitude éprouvée à gérer leur communication, et un cuir tanné face aux attaques de leurs ennemis et aussi de leurs amis ; et puis il y a ceux que l’on dit curieusement issus de la « société civile ». Expression bizarre : existerait-il une sorte de caste « militaire » opposée à la caste des « civils » ; voudrait-on dire par là qu’il faut être initié très jeune par une sorte de service initiatique ?
La sélection du personnel politique est un problème grave qui se pose à beaucoup de démocraties. Cette sélection est particulièrement étrange en France . Constatons le, par exemple, au niveau du gouvernement :
- Sur 39 membres du gouvernement (ce qui est beaucoup), 13 femmes (ce qui est déjà peu), et sur ces 13 femmes , 4 filles de députés ! A croire que les vocations féminines s’épanouissent mieux dans le cocon familial ?
- Sur 39 membres du gouvernement, peu d’authentiques représentants du monde économique : je n’en ai compté que 8 (créateurs de leur entreprise, avocats d’affaires, cadres ou employés de société, en oubliant les passages épisodiques et alimentaires entre deux mandats) ; à croire que les trois quart des actifs ne pensent qu’à leurs sous, ou à ceux de leurs actionnaires ?
- Sur 39 membres du gouvernement il faut chercher les scientifiques de formation : à priori 6 ; ces formations si prisées pour nos enfants, n’emportent pas l’adhésion de nos décideurs politiques.
Ces quelques remarques ne font que ressortir l’ incroyable professionnalisation de nos élites politiques. Tout le monde s’étripe sur les modes de représentation (qui doit et peut voter, type de scrutin), mais la sélection des candidats que ce soit à des élections ou à des postes gouvernementaux reste confisquée par les apparatchiks. Car il s’agit bien d’une caste, en place, et n’entendant pas laisser sa place. La montée de la représentation féminine en est bien entendu handicapée. Mais aussi la dramatique sous représentation du monde économique. Il ne s’agit pas nécessairement de donner une image fidèle du pays au niveau de nos gouvernants. Mais la quasi-absence du monde de l’entreprise explique beaucoup d’orientations technocratiques. Mais la quasi-absence du monde scientifique explique beaucoup d’approximations sur des sujets techniques. La France du coup se trouve sous la coupe de juristes, d’administrateurs publics qui ne fondent leur action que sur la règle, ses transgressions. Cette exclusivité est une calamité.