Les réactions indignées de Messieurs Guaino, Thréard, Copé, à la tribune d’un groupe de diplomates dans le Monde sont à côté de la plaque.
- Le rôle privilégié du président de la République dans la conduite de la politique étrangère n’est pas remis en cause, est par contre stigmatisée la dépossession du Quai d’Orsay au profit d’une cellule diplomatique de l’Elysée partagée entre deux personnalités aux opinions antagonistes, Messieurs Levitte et Guaino.
- La critique des résultats présents de notre action à l’étranger n’est pas un signe supplémentaire de déprime nationale. Le désastre est patent sur toute la ligne, et de vouloir le nier parce qu’il est sobrement exprimé n’est pas une réponse. Une tribune, par nécessité synthétique, a pour objectif de sortir du déni, non pas de proposer des pistes.
- La violence des termes utilisés, impulsivité, amateurisme, incohérence, obsession médiatique n’est pas la signature de quelques ambitieux, ou de quelques aigris, mais la profonde désillusion d’un grand corps, méprisé, bafoué, qui exprime sa colère.
Au lieu de clamer leur indignation, n’auraient-ils pas mieux fait de réfléchir sur la frustration traduite.
- Personnalisation abusive des relations entre chefs d’état qui renforce les pouvoirs des éminences grises et courtisans qui manoeuvrent à l’Elysée au détriment des ambassadeurs en poste, des directeurs, du ministre des affaires étrangères ; Personnalisation qui nécessairement se retrouve soumise aux feux des médias ; Personnalisation qui accroît le caractère impulsif et amateur d’une diplomatie qui par essence est une discipline de long-terme.
- Privilège de l’immédiat, au détriment de l’action en profondeur : un jour il faut obéïr aux sommations d’une association des droits de l’homme, le suivant il faut sauver des compatriotes égarés dans je ne sais quelle aventure, le troisième il faut marquer d’un mot symbolique, d’un geste fort notre attachement à la dernière lubie imposée par les médias français. Tout ceci n’est pas de la politique, mais de l’agitation.
- Multiplication de diplomates improvisés qui virevoltent pour apporter des messages personnels du président : et c’est Mr Balkany en Afrique, Mr Raffarin en Chine, Mr Wauquiez (ministre chargé des affaires européennes) en Tunisie, Mr Ollier en Lybie, etc… etc… Là est le véritable scandale de cette gestion : la préférence accordée aux « amis du président » sur les professionnels. Erreurs de choix de ministres paravents : de Kouchner à Alliot-Marie, Charybde ou Scylla.
A la réflexion, la seule critique que l’on puisse réellement faire à cette tribune est sa mesure.