Pour une fois qu’une utilité était trouvée au Larzac : forer pour y trouver des gaz de schistes. Donner à cette région l’opportunité de servir à quelque chose dans le concert national, au moins pour lui fournir une source d’énergie, ce qui était peut-être plus noble que de devenir un lieu de test pour des munitions de l’armée française.
Mais, nous surprendrons toujours les gardiens de la néoruralité : d’une seule voix ils clament leur refus de tout changement. Ils sanctifient les petits canaux « ancestraux » qui viennent arroser leurs jardinets. Ils déclarent en professionnels de l’amalgame à connotation historique « on n’est pas là pour se faire gazer ». Ils s’emportent contre les lobbies des industriels qui voudraient briser l’exclusivité qu’ils s’arrogent sur ce territoire.
Des habitants du Larzac, toujours en pointe pour défendre l’obscurantisme en se cachant derrière le principe de précaution travesti en obligation de ne rien faire, on peut encore comprendre : ils sont cohérents. Mais les députés qui s’engouffrent sur cette bataille donnent l’image terrifiante de ce que peut donner une démocratie mal comprise : grappiller les voix de n’importe quel groupuscule en foulant aux pieds le droit à la recherche conduite scientifiquement, le droit au développement économique, le droit de ceux qui ne vivent pas au Larzac.
La loi de circonstance votée (sinon approuvée) par tous les groupes de l’Assemblée ternit l’image de la représentation nationale qui a cédé au lobby des néoruraux, aux peurs des petits propriétaires craignant que l’on écorne la valeur de leur patrimoine, à une crainte diffuse attisée par la projection de quelques films montrant les méfaits d’une exploitation incontrôlée ; aucune de ces raisons n’est satisfaisante pour excuser l’abandon de toute réflexion, le mépris des scientifiques non consultés, la vindicte envers les industriels haïs pour on ne sait quelle raison.
Il serait urgent d’introduire dans la constitution un principe de raison qui s’imposerait au funeste principe de précaution.