L’ISF est un impôt pour les pauvres. Il s’agit de calmer leurs envies haineuses de la richesse, de les conforter dans l’idée que l’absence de travail et de réussite n’est pas discriminante, de les conforter dans leur prétention à vouloir profiter de tout sans payer pour rien.
Pourquoi pas si c’était le tribut à payer à la démocratie. Mais le problème est que ce prélèvement s’effectue sur les millionnaires et ne concerne guère les milliardaires qui ont l’arme de la délocalisation d’une partie (voire de la quasi-totalité) de leurs revenus et leur fortune. Il ne répond pas vraiment à la demande du bas peuple, sauf à considérer que l’envie s’exprime surtout sur la richesse proche et palpable : jalousie d’un plus bel appartement à côté de chez soi, d’une plus belle maison du voisin, d’une plus belle voiture.
L’ISF est un impôt pour les députés. Il s’agit pour eux de briller dans les réunions électorales en déclamant contre l’accumulation de richesses toujours issue de moyens impurs ; il s’agit pour eux de se répandre dans des tracts montant leur lutte exigeante pour plus de liberté réelle au détriment des accapareurs. Les députés ont eu l’impertinence de voter à plusieurs reprises l’instauration de cet impôt antiéconomique et inquisitorial, ils n’ont jamais eu le courage de l’abroger pour trouver des modes de financement moins délirants comme l’augmentation des droits de succession.
L’ISF est devenu la nouvelle marotte du député de Merdrignac, Marc Le Fur. Abandonnant ses passions (les élevages porcins, la bioéthique, que sais-je encore) il nous balance l’idée d’inclure les œuvres d’art dans la base de l’ISF. C’est une richesse non productive, clame-t-il, il faut la taxer. Il a raison en ce sens l’efficacité économique voudrait que l’on taxe tout ce qui est improductif afin de forcer les détenteurs à vendre et réintroduire des capitaux dans les circuits économiques. Mais ce pauvre Le Fur ne voit que son doigt qui pointe vers la lune. Derrière cette mesure démagogique, affublée d’un vague voilage économique, il en oublié la vertu cardinale de tout impôt : la simplicité du prélèvement. Comment va-t-il nous définir une œuvre d’art : celle qui a un prix supérieur à combien ? Celle qui est vieille ou celles qui sont produites actuellement ? Faudra-t-il généraliser des visites domiciliaires du fisc pour traquer les fraudeurs ?
Et par-dessus tout, obscur iconoclaste de Merdrignac, où croyez-vous que doivent être les innombrables œuvres d’art encore en France, ensevelies dans les tombes des musées, transformées en centres de vacances, ou donnant quelque plaisir à des amateurs un peu fortunés ?