Maintenant que les candidats à la présidentielle commencent, enfin, à s'ébrouer sur la question de produire français, il faudrait qu'ils aillent peut-être un peu au-delà de simples slogans du style 'j'achète français" ou "je vérifie par un label que c'est bien produit en France". Ce ne sont pas des cris inutiles, tout au contraire, mais sur certains secteurs il est désormais quasi -impossible de pouvoir suivre leurs propositions; il suffit de prendre au hasard le textile, ou la chaussure. On aimerait que les postulants à la responsabilité suprême dans notre république aillent un pas plus loin dans leurs raisonnements et nous expliquent d'abord leur analyse de ce déclin qui continue (les délocalisations se poursuivent), et les actions qu'ils comptent entreprendre pour inverser la vapeur et rapatrier usines et emplois à l'intérieur de nos frontières.
Mais existe-t-il, au sein de l'état, une administration chargée de les aider sur ce sujet, de leur proposer des diagnostics, de leur suggérer des solutions ? La réalité est qu'il n'en existe plus. Le Commissariat au Plan a été dissous en 2006, remplacé par un Centre d'Analyse Stratégique dont le conseil d'orientation est exclusivement composé de fonctionnaires, politiques et universitaires (personne du monde l'Industrie !), dont les rapports sont sur les sujets à la mode tournant autour de l'écologie, le numérique, mais qui ne pond rien sur les aciéries, le raffinage, les vapocraqueurs, la construction automobile etc... etc.... Il existait naguère au sein d'un ministère de l'industrie des fonctionnaires chargés de suivre les problèmes des établissements industriels; depuis 1992 ils sont devenus également chargés de l'environnement, ce qui était marier la carpe et le lapin. En 1997 le ministère de l'industrie a été fondu dans celui des finances, puis au gré des remaniements éclaté entre celui des finances et celui de l'environnement, ce qui au mieux indique la profonde indifférence de nos gouvernants pour disposer d'un outil compétent pour gérer les législations qui s'appliquent aux entreprises et pour promouvoir des axes de développement.
La triste réalité et qu'au gré des complaisances accumulées au fil des ans, il ne reste plus comme interlocuteur des entrepreneurs que les DREAL (Directions Régionales de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) dont l'intitulé même indique les priorités. A part cela ils sont confrontés avec les différents gendarmes chargés de les surveiller (essentiellement Inspection du Travail, AFME, Haute Autorité de la Concurrence et bien entendu fisc). Les gendarmes sont indispensables et ils font leur travail avec peut-être trop d'excellence, n'étant, de fait, soumis qu'à leur interprétation rigoureuse de leur arsenal de lois, décrets et circulaires. Le porte-parole naturel des industriels que devrait être les DREAL a oublié complètement son rôle; il n'entend jamais se faire leur interprète face aux autres administrations; il refuse de servir d'intermédiaire entre établissements et autorités locales. Les DREAL se sont recroquevillées sur la protection de l'environnement et ne conçoivent leur rôle que comme celui d'un gendarme supplémentaire. Leur seul objectif est au travers d'une protection des intérêts locaux de la population de faire fermer un maximum d'installations industrielles. Leur titre de gloire est de faire du quantitatif sur le nombre de contraventions, de mises en demeure, de consignations, de dénonciations au parquet.
Les DREAL, peuplées de fonctionnaires qui n'ont pas trouvé un emploi dans le privé, exhalent leur rancoeur là où elles devraient être l'aiguillon de la relocalisation. Ses ayatollahs se passionnent pour la dépollution, les cercles de danger, au lieu de s'intéresser aux conditions de survie, au maintien des emplois. S'il est bien une initiative que devraient proposer nos politiques ce serait de recréer un véritable défenseur de l'industrie au sein de l'administration et de faire disparaître l'aberration des DREAL.; de recréer un véritable ministère de l'industrie indépendant des gnomes de Bercy et des fumeux de l'Environnement.