Les délires verbaux de Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, s’autorisent paraît-il d’un drame personnel qu’elle a subi. Son chagrin ne permet pas de la laisser invectiver les automobilistes sans la moindre nuance, de dérouler des raisonnements reposant sur des approximations, des corrélations. Elle est exemplaire de ce genre de gourou qui envahit les médias : un zeste de malheur personnel, une pincée d’incontinence verbale, une absence de réflexion et roulez à tombeau ouvert sur les avenues médiatiques.
Une idée fixe : la baisse de la vitesse autorisée sur les routes est l’explication de la chute des accidents. L’amélioration des routes, la sécurisation des voitures n’apparaissent pas dans ses discours. Une explication unique : les accidents sont dus aux délinquants de la route qui ont circulé au-dessus des vitesses limites, pour lesquels il n’existe pas de châtiment assez lourd. Les autres raisons ne sont pas évoquées : l’ennui de se trainer comme un escargot, l’incohérence des interdictions, l’absurdité de l’examen du permis de conduire qui privilégie l’apprentissage du Code sur l’apprentissage de la conduite.
Héroïne de la lutte contre les conducteurs, il ne lui vient pas à l’esprit que se déplacer en voiture est une obligation professionnelle, une nécessité pour rencontrer les autres, un outil d’évasion. Les voyages de Madame Perrichon ne sont que des périples à l’intérieur de la prison de sa bonne conscience.