Pourquoi ne pas demander à l'Espagne une repentance pour le génocide des caraibes ? Pas très intéressant dans l'esprit de nos députés puisqu'il n'en reste plus un seul.
Pourquoi ne pas demander aux Etats-Unis une repentance pour le génocide des indiens ? Peu rentable pour nos collecteurs de votes, les survivants sont pour une grande partie parqués dans des réserves et n'émigrent pas chez nous.
L'éternelle propension de nos députés à vouloir donner des leçons à l'ensemble du monde est proprement insupportable, surtout lorsqu'elle se fait au nom d'une révolution française née dans le sang de tueries de catégories sociales, de massacre vendéen et de pillages sanglants dans toute l'Europe.
Plus grave que la légitimité des députés de l'assemblée nationale à voter une loi visant spécifiquement le caractère génocidaire du massacre des arméniens, est le flou du texte qui vise non seulement la négation, ou l'apologie des crimes de génocide, mais aussi la "banalisation grossière". Qu'est-ce qu'une banalisation ? Une relativisation ? Une comparaison ? Qu'est-ce qui est grossier, ce qui n'est pas fin, subtil ?
Mais encore plus grave est le fondement de ces lois mémorielles qui sont l'expression de tous les communautarismes; qui donnent un pouvoir exorbitant sur l'opinion, à n'importe quelle association, de gérer l'expression de tout citoyen, de choisir les mots qui conviennent; qui laissent croire que les députés sont élus pour gérer nos paroles, notre façon de nous exprimer, notre mode de communication. Ces lois mémorielles sont le symbole de l'effacement de la démocratie qui se trouve réduite au seul concept de la liberté de vote; une fois élus les députés ou le président sont considérés comme des chefs tous puissants, dont la seule limite à leur pouvoir est leur non-reconduction à l'élection suivante.
Mais la démocratie ce 'est pas cela du tout. Le droit de vote n'est qu'une condition nécessaire, mais certainement pas le critère suffisant. Les seuls critères de la démocratie sont les libertés : de s'exprimer, de se déplacer, de manifester. Le problème soulevé ne se limite pas à la seule liberté de recherche des historiens, toutes ces libertés sont battues en brèche par ces lois mémorielles, elles sont une forfaiture envers l'esprit démocratique, elles sont la promotion du règne de n'importe quelle clique.