Le scepticisme de Luc Ferry, lors d’un passage au grand journal de Canal Plus, vis-à-vis de réformes de l’Education Nationale est troublant . Voilà un ancien ministre de l’Education Nationale, plus aux affaires, ne manifestant pas le désir d’y revenir, qui déclare que notre enseignement est atteint de maux si profonds qu’ils dépassent même les frontières de notre pays. Le problème n’est même pas de dépecer le Mamouth (l’enseignement régionalisé en Allemagne donne des résultats encore pires), ni de tenter d’assurer plus de durée de vie aux ministres de l’Education en France (pendant la dernière décennie, leur mandat est d’environ deux ans, voire moins pour Fillon). Le sujet, pour Ferry, est que l’enseignement dans le monde occidental affronte deux problèmes : la perte de certaines valeurs (l’obéissance, le respect) au profit d’autres (la transgression, la déstructuration) ; un amour des enfants, inconnu à ce jour dans l’histoire des civilisations. Ce coktail explose dans les classes, entre des élèves qui ne font que répéter ce qui est magnifié dans le monde des adultes, et des professeurs ou des maîtres qui n’osent sanctionner des êtres surprotégés pas leurs parents et par l’état.
Le découragement de l’ancien responsable par rapport à quelques médecines douces est passionnant, car la guérison du mal, si je continue son raisonnement est de remettre en valeur des concepts qui existent dans bien des endroits du monde, mais n’ont plus la cote chez nous : le respect vis-à-vis des autorités, les sanctions vis-à-vis des jeunes. Je ne sais pas si c’est envisageable dans nos pays. Les remèdes doivent toucher aux fondamentaux (rien de très original, beaucoup de ces suggestions circulent) : la fermeture des IUFM qui ont propagé une idéologie pédagogiste, sacralisant les désirs des enfants ; le retour des sanctions immédiates administrées par l’instituteur (sans conseil de classe, sous le seul contrôle du chef d’établissement) ; le retour de l’uniforme (la fameuse blouse, pour enfin cacher la débauche de vêtements de marque qui souligne les différences sociales) ; l’introduction dans chaque établissement d’un chargé d’éducation (non pas civique, mais d’un professeur chargé de donner aux enfants les leçons qu’ils ne reçoivent plus de leurs parents, sur le respect qu’ils doivent aux adultes, sur leur façon de s’exprimer, sur leurs attitudes). J’imagine que pour promouvoir ces révolutions dans le primaire, il faut briser le mammouth (ce n’est pas un objectif en soi, mais une obligation probable pour aller de l’avant). Il y aura des manifestations, des défilés, des grèves pendant une année. Le jeu en vaut la chandelle.