Des manifestants qui vont défiler pour travailler moins et gagner plus. Rien de surprenant, la défense de ses intérêts est le moteur de toute protestation. Plus dur est de proposer qui va travailler à leur place. Et la seule réponse est de multiplier les emplois, donc de relancer à outrance l’économie, donc de favoriser l’esprit d’entreprise, la baisse des charges, l’assouplissement des règlementations.
Des manifestants qui se polarisent sur le maintien d’un système par répartition, prétextant qu’il est à la base d’un « pacte républicain » entre générations. Extraordinaire de sacraliser une opération de circonstance initiée par le régime de Vichy, comme fondement de nos retraites. L’argument de la solidarité entre générations est absurde puisqu’en tout état de cause quel que soit le système ce sont toujours les gens qui travaillent qui paient pour ceux qui ne travaillent plus.
Des manifestants qui demandent des assouplissements pour la pénibilité du travail. Généreux, sympathique. Mais qu’est-ce qu’un travail pénible ? La discussion va être chaude. Il existe, me dira-t-on des travailleurs dont la durée de vie est écourtée du fait des conditions de travail : c’est incontestable, mais cela n’a rien à voir avec la retraite, mais relève d’un régime d’invalidité ; d’ailleurs la notion même de durée restante de vie pour se reposer invoquée est non pertinente car à ce titre il faudrait que la durée de travail des femmes soit allongée pour tenir compte de leur espérance de vie.
Au final, ils devraient manifester pour demander au gouvernement de restaurer quelques principes de base :
- Assurer le long terme, en sortant progressivement du système par répartition
- Assouplir le court terme en généralisant le système par points déjà pratiqué dans toutes les retraites complémentaires
- Donner de la liberté aux cotisants en permettant une gestion de sa retraite indépendante de leur âge
- Restaurer l’idée que les organismes de retraite sont des organismes autonomes gérés paritairement et qui ne doivent distribuer que ce qu’ils ont reçu.