Le face à face d’Aurélie Boullet et de Martin Hirsch, était instructif hier sur Canal+.
L’une et l’autre, pourrait-on dire crachent dans la soupe ; le brouet de l’administration territoriale ; le consommé gouvernemental. Mais quel fossé, entre les révélations de l’une sur l’incroyable gabegie qui règne dans les féodalités régionales : copinage, emplois fictifs, sureffectifs, démotivation de ceux qui auraient à remplir une vraie fonction ; et les dénonciations de l’autre de quelques petits privilèges sans intérêt (l’histoire des timbres de collection offerts à quelques personnalités !) pour pimenter un petit essai sur le sujet bateau du conflit d’intérêt. Choc de culture entre celle qui a été sanctionnée pour avoir dit la vérité, et celui qui sera porté au pinacle pour avoir cafté.
Aurélie Boullet, a déjà souffert de la trahison (son pseudonyme ayant été éventé par un « camarade » de promotion), elle sera probablement mise au ban (même réintégrée) de l’administration dans laquelle elle espérait faire carrière. Carrière sacrifiée, pour, je l’espère, qu’enfin les contribuables prennent conscience de l’irresponsabilité de ceux qui sont chargés de gérer leurs impôts. Ce qu’elle dénonce n’est pas anodin, c’est l’éternel mal du clientélisme dont était protégée la fonction publique d’Etat jusqu’ici, et qui a gangrené la fonction publique territoriale (du moins celle des grosses collectivités). Le clientélisme est un cancer de la démocratie, qui a pour but de fortifier dans leurs fiefs les élus qui ont leur survie politique comme projet principal : il a pour conséquence la montée du mépris de ces élus parmi les électeurs.
Martin Hirsch, navigue sur son plan média. De son désintéressement (certain), il fait une arme pour tenter d’assassiner ses collègues gouvernementaux les plus faibles. Une dénonciation, suivant l’air du temps, de « conflits d’intérêts », une sortie opportune d’un petit essai qui , de son propre aveu, n’indique que des solutions « évidentes » et le tour est joué : monsieur Hirsch, fait la tournée des popotes médiatiques, pour asseoir encore mieux son aura de saint laïc. Oh, il est intouchable. Personne ne va le suspendre de ses fonctions. Personne ne va suspendre sa rémunération pendant quelque mois.
Tout oppose la révélatrice de vrais problèmes, sortie de l’anonymat, et le surfeur des bons sentiments, pilier des sphères gouvernementales.