L’affaire du Médiator est instructive.
Les ministres en charge de la santé publique se défilent. Et pourtant Dieu sait s’ils nous ont bassinés avec leur politique de précaution pour la crise de la vache folle (délire de brulis de troupeaux de vaches), la crise de la grippe aviaire (propagation de l’angoisse, « et si le virus mutait ? »), la crise du virus AH1N1 (vaccinez, vaccinez, si cela ne fait pas de bien, au moins ça ne fait pas de mal pour les autorités).Mais là, ils ont oublié leurs principes.
L’Agence du Médicament rebaptisée Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, signe au mieux son incurie, au pire son incompétence. Elle était investie de cinq missions et a faiili sur deux d’entre elles : « garantir la sécurité et le bon usage des produits de santé », « informer sur le médicament et le bon usage des produits de santé ». Elle comprendrait 1000 professionnels, 2000 experts réguliers ou occasionnels. Much ado about nothing.
Les médecins ont escroqué l’Etat en prescrivant un médicament remboursable sous prétexte de diabète, alors qu’il s’agissait de faire prendre un coupe-faim. La dérive des pratiques médicales de soigner à faire plaisir à un client, trouve là un symbole extraordinaire. L’extraordinaire surconsommation de médicaments des français, l’incroyable prolifération des arrêts de travail trouve son origine dans ce laxisme des comportements des praticiens pris à la gorge entre des rémunérations de misère et une une philosophie toujours plus propagée de la gratuité absolue des soins.
Et que dire des utilisateurs, infantilisés tout à la fois par une marée d’incitations à la « maigritude » et une avalanche d’incitations à la surconsommation médicale (dépistez, prévenez, scanérisez, IRMisez …) . Le moteur de cette affaire est là. Le gouvernement, les Autorités dites compétentes, le corps médical, se laissent porter par cette demande sourde, insistante, exigeante. Pourquoi refuser au bon peuple des gros un petit médicament gratuit ?
Mais on ne peut en vouloir aux gros ; peut-être quand même à ceux qui les manipulent ; mais comment les atteindre ? On ne peut en vouloir aux médecins qui exercent sous des pressions financières et humaines, sans bien entendu imaginer la nocivité de ce qu’ils prescrivent. On doit sanctionner une Agence qui n’a pas rempli son objectif : pourquoi ne pas la dissoudre ? Et quand à la kyrielle des ministres qui n’ont pas su s’informer, Bernard Kouchner, Dominique Gillot, Jean-François Mattei, Philippe Douste-Blazy, Xavier Bertrand, Philippe Bas, Roselyne Bachelot-Narquin , s’ils ne sont pas coupables, ils sont bien entendu responsables ; responsables du défaut de communication, responsables du manque d’organisation. Comme vient de le rappeler Robert Debré « C’est trop facile de se défiler quand un drame survient, alors qu’on réclame ventre à terre un poste au gouvernement ».