Depuis les orgies du bon époux, bon père de famille Strauss-Kahn, depuis les faux-serments du fiscaliste Cahuzac, depuis les larcins dans les caisses publiques des fidèles commensaux des Bouches du Rhône et du Pas de Calais, tous réalisés sous l'ombre tutélaire de leur Dieu, de leur grand inspirateur François Mitterrand grand tricheur devant l'Eternel, il fallait quand même rénover la baraque socialiste. Alors pour cacher toutes ces laideurs, quoi de mieux que la feuille de vigne de la moralité. Vincent Peillon, appelé à l'aide par son président, nous fait cadeau sur le site de son ministère d'un rapport sur l'enseignement laïque de la morale.
Dans une lettre de mission aux auteurs du rapport, le ministre leur demande de "définir les grands principes qui pourraient inspirer de nouveaux programmes portant sur l'enseignement de la morale". On ne comprend pas très bien ce que demande le ministre : une définition de la morale, une définition des systèmes d'enseignements (mais sans définir l'objet de l'enseignement), une méthode pour arriver à définir un système d'enseignement ?
Avec ce paquet de nouilles, les auteurs nous servent un plat indigeste. Fallait-ils qu'ils traitent de la politesse élémentaire, du simple respect qui permet de vivre ensemble, mais à quoi bon un rapport pour parler d'évidences; fallait-il qu'ils traitent des lois de la république, sa constitution, son organisation, mais c'est couvert par l'éducation civique qui n'a d'autre prétention qu'une description des droits et devoirs des citoyens. Alors qu'allaient-ils touiller dans leur casserole ?
Surprise, il n'est jamais question de vérité à retrouver dans les mathématiques, de beau dans l'art, de courage physique dans le sport, de courage moral chez Corneille ou des grands résistants, de vertu chez Plutarque ou de Gaulle, de bonté chez les saints; à croire que les enseignants n'ont jamais rien appris dans leurs disciplines respectives, ou qu'ils sont incapables de restituer ce qu'ils auraient retenus.
Il est curieusement question de liberté, d'égalité, de fraternité, mots intéressants mais dont on ne voit pas bien ce qu'ils ont à voir avec la morale. L'égalité surtout semble devoir être le maître mot de cette morale laïque. Mais l'égalité est une doctrine politique. Elle est l'essence de la démocratie lorsqu'on la déclare applicable aux droits politiques d'un citoyen; mais la démocratie n'est qu'une option politique parmi d'autres (exécrable, mais la moins mauvaise connue à ce jour), et je ne vois pas au nom de quel principe il faut tenir pour immoral tout autre régime, ou a fortiori tenir pour moral le fait de prendre la majorité comme indicateur du bien absolu . Et si l'on décline l'égalité au-delà, en égalité sociale, en égalité des consommateurs, en égalité de revenus, en égalité entre personnes physiquement différente, on aborde d'autres sujets, très intéressants, mais qui n'ont absolument rien à voir ni avec la "morale du quotidien", ni avec la morale individuelle. On est dans l'expression d'une philosophie égalitariste qui considère que toute personne en vaut une autre, qui veut niveler toutes les différences, voire les nier; une philosophie de la peur des différences qui tente de les noyer dans une relativisme unniversel.
Ce rapport prône une idéologie, parfaitement respectable, mais dont on ne voit pas nécessaire qu'elle devienne un catéchisme. Il faut l'arrogance d'un Peillon pour tenter d'imposer sous la dénomination fallacieuse de "morale laïque" un corpus qui ne relève pas de la morale et qui se baptise laïque parce qu'il est dans la lignée de Baboeuf et de Marx. Peillon est au mieux dans la pitrerie (une peillonerie de plus ?) ou au pire nous raconte des salades (une peillonade à dénoncer !).