Sous prétexte que la fonction publique représente plus de 25% des emplois en France , sous prétexte que la fonction publique truste les postes gouvernementaux, et les postes électifs, il n’est pas de bon ton de la stigmatiser. La pesante bâche qui s’est alourdie sur notre pays trouve pourtant son origine dans cette dilatation pathologique du nombre de personnes qui se disent du « service public ». Ils propagent, grâce à leur effet de troupeau un certain nombre d’idées qui polluent nos mentalités :
- Ils représentent le « bien public » ; ceux qui n’ont pas l’honneur d’en être sont au service d’intérêts privés (les leurs ou ceux de leurs patrons), et donc soupçonnés d’absence de compassion pour les autres, de manque d’intérêts pour les faibles et les démunis, de court-termisme inspiré par la passion du profit immédiat ;
- Ils sont porteurs des valeurs de la République, incarnées dans la laïcité, le jacobinisme, la démocratie ; les autres prêtent le flanc aux accusations de communautarisme ;
- Ils sont intouchables, de par leur statut, qui les protège des pressions des lobbies politiques, privés ;
Mais les idées généreuses qui ont présidé à la naissance de notre fonction publique se sont dissoutes dans un triste marécage :
- L’arrogance a remplacé le souci des autres ; il n’est que de voir la qualité des relations entre un membre d’un quelconque corps d’inspection et des administrés : l’un ne jure que par menaces de contraventions, de pénalisation, l’autre est tétanisé par les conséquences de ce qu’il a fait ; une chape de peur s’est instaurée ;
- La paresse a pris la place de l’implication dans la réussite de ses tâches ; qui n’ a subi les méandres des dossiers incomplets pour obtenir une quelconque autorisation, un quelconque bout de papier : le fonctionnaire est arc-bouté sur ses lois, ses décrets, ses circulaires, pensant que toujours que le formalisme est la clé de ses missions ; la paresse intellectuelle a remplacé l’idée du succès, et les administrés s’exaspèrent ;
- Le népotisme, le favoritisme a envahi certains domaines comme celui de la fonction publique territoriale ; dans ces petits royaumes régionaux, que d’histoires d’incapables casés pour « faire plaisir » à tel homme politique, et qui empuantissent l’atmosphère et l’efficacité de leurs services ;
La fonction publique est malade. Elle ne pourra être réformée tant que ses représentants sont au pouvoir. Triste constat. Il ne s’agit pas seulement de réduire le nombre des fonctionnaires (quoique …), il faut aussi revenir à des taux d’absentéisme acceptable, il serait essentiel de couper le cordon ombilical entre monde politique et fonction publique (un élu, un ministre devrait démissionner de la fonction publique), il serait normal d’alourdir les sanctions contre les incompétents, les bons à rien, les nocifs (il devrait y avoir chaque année un nombre non symbolique de fonctionnaires virés pour faute).
Dans une démocratie, il n’est jamais bon qu’il y ait des exploiteurs d’avantages indus et les autres. Un jour ou l’autre, la vérité se fait jour.