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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 12:52

Au fur et à mesure que les évènements démentent  les prédictions de nos gouvernants (français ou européens), les langues se délient et de vraies questions sont soulevées.

Elie Cohen annonce dès le 10 mars 2010 que « les 110 milliards d’euros du plan de soutien accordé à la Grèce n’offriront qu’une bouffée de 18 mois, ensuite les soucis structurels repartiront de plus belle ». Il a répété ensuite, à diverses occasions que la Grèce ne peut s’en sortir qu’en restructurant sa dette (en clair admette une banqueroute partielle).

Il le disait, et bien d’autres avec lui, parce qu’il existe deux phénomènes qu’il importe de distinguer: une crise de liquidités  qui peut se résoudre sans trop de difficultés pour passer une période de difficulté temporaire, pour torpiller des manœuvres spéculatives  (c’est ce qui a été fait par les pays de la zone euro pour la Grèce, et une crise solvabilité. Là le problème est beaucoup plus difficile, puisqu’il s’agit de trouver le curseur qui permette de trouver les fonds nécessaires pour rembourser des dettes devenues trop écrasantes sans appauvrir structurellement le pays par des baisses brutales de pouvoir d’achat et des hausses insupportables des impôts.  L’incapacité des gouvernants a avouer qu’ils ont laissé filer les déficits sans créer en contrepartie des activités génératrices de profit sur le long-terme  se conjugue avec une absence totale d’imagination pour retrouver les chemins de la croissance, unique possibilité de tenter un rétablissement.

Les trois principaux leviers sont là :

-          La dévaluation (par une sortie , ou une mise en congé de la zone euro) ; bien entendu elle renchérit les dettes, donc le poids des remboursements et surtout le poids des intérêts) ;

-          La restructuration des dettes (par une banqueroute partielle) qui ramène le niveau des dettes à un niveau admissible avec les capacités contributives du pays en cause ;

-          L’augmentation des impôts, corrélée à une réduction des dépenses publiques qui permette de dégager les marges budgétaires nécessaires pour assurer le remboursement des dettes excessives.

Tout le monde admet que chacune de ces solutions est admissible pour guérir un petit bobo, et devient d’un maniement extraordinairement difficile dans son dosage lorsque le mal est profond, avec le risque évident d’aggraver la santé du malade à moyen ou à long-terme. Une action simultanée sur les trois leviers devient de plus en plus envisageable lorsque le défaut de solvabilité devient évident pour la Grèce ou l’Irlande.

Mais ce ne sont que des leviers financiers qui ne règlent aucun des problèmes de fond qui sont abordés par les commentateurs :

-          L’absence de dynamisme économique (et tout particulièrement industriel) des pays de l’Union Européenne,

-          Une idéologie qui tente de faire accroire que le salut de nos pays se  trouvera dans l’innovation ; elle est indispensable certes, mais au nom de quelle arrogance peut-on laisser croire que la recherche médicale et informatique ne va pas faire des bonds de géant en Inde, que la recherche en physique et chimie appliquée ne va pas très vite rattraper son retard en

Chine ;

-          Une idéologie qui nous a longtemps endormi avec le dogme de la spécialisation dans les services ; ils sont créateurs de richesses, c’est indubitable, mais comment imaginer qu’ils ne puissent être délocalisés : l’exemple de l’Inde en matière d’ingénierie, de conseil juridique est là pour déjà nous le rappeler ;

-          Une pratique de la concurrence entre qui s’est complètement focalisée sur la protection du consommateur ; là aussi tout est affaire de mesure, mais des excès ont été commis abrutissant les sociétés sous un déluge de prescription qui aboutissent concrètement à augmenter leur désir de fuir ces sols inhospitaliers ;

-          Une surprotection sociale de certaines des populations européennes qui ont abouti à laisser coexister des laissés pour compte qui ne connaissent même plus leurs droits, qui sont exclus du marché normal du travail, et une masse de petits privilégiés accrochés à leurs droits acquis  qui plombent les désirs d’expansion des entrepreneurs.

Il n’y a pas un de ces sujets qui ne soit abordé dans des commentaires, des opinions, des points de vue. Il n’a pas un de ces sujets qui soit évoqué par un gouvernement. Mais qu’attendent-ils ?

 

 

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