Pourquoi tous les correspondants de presse sont photographiés, enregistrés depuis la zone rebelle d'Homs, et non depuis Damas ? Une seule vérité mérite l'attention? Le romantisme (et donc l'attention de l'auditeur occidental) est du côté des insurgés ?
Comment sont approvisionnés en armes et munitions l'Armée syrienne de libération ? Par des pillages des casernes, par des importations financées par la diaspora syrienne, nous rétorquent les porte-parole de la dissidence. Peut--être vrai, peut-être court. En tous cas nous n'en saurons rien car cela n'intéresse pas les journalistes.
Les adversaires des rebelles sont listés pour mieux les stigmatiser; un grand mot que celui d'adversaires, tout au plus des méfiants, car personne ne soutient le régime d'Assad (au moins officiellement). Et dans le fourgon des ennemis de la démocratie (car c'est implicitement ce que sont ceux qui ne soutiennent pas explicitement les rebelles d'Homs) on retrouve pêle-mêle : les chiites iraniens, les terroristes du Hezbollah, Poutine et son complexe militaro-industriel, les anonymes et d'autant plus inquiétants dirigeants chinois, et enfin le Front National et sa bande de négationniste en tous genres. Les supporters des autres sont limités à quelques démocraties ou trop impuissantes ou trop prudentes; leurs seuls vrais amis sont les peuples, les amis de la liberté. Tant de diabolisation lise perplexe.
Evidemment les blessés et les morts ne tombent que d'un côté, et ils sont plutôt des femmes et des enfants. On se demande bien à quoi sert cette armée de libération si elle est incapable d'abattre même un seul sniper. Mais on se demande aussi comment il se fait qu'avec des chars, des obusiers, l'armée d'Assad piétine depuis des mois dans les banlieues d'Homs. RIen ne nous est dit sur une question aussi triviale; le déluge des mot et des images se concentre sur les images héroïques des reporters qui risquent leurs vies pour témoigner.
Ce ne sont que des questions auxquelles un individu lointain du champ des opérations ne peut répondre. Mais ce sont des questions que les journalistes ne veulent pas travailler. Il s n'entendent pas nous laisser faire une opinion, ils nous délivrent leur vérité d'amateurs de scènes violentes, de blanc et de noir, et d'énigmes sans réponses.