J’étais parti pour écrire un mot dur sur Simone Weil. Parce que je n’aime pas les icônes encensées par les médias et les sondages. Parce que son statut d’idole des féministes est bâti sur un contresens : la loi sur l’IVG de 1974, dans son esprit, s’efforçait de limiter les avortements à des cas de nécessité, et ne prévoyait pas de remboursement par la Sécurité Sociale. Parce qu’elle est européïste et que je crains les dérives technocratiques de l’Europe telle qu’elle a été construite, et l’égoïsme germanique du couple franco-allemand qu’elle a toujours célébré.
Et puis j’ai lu le discours de Jean d’Ormesson. Il m’a rafraîchi la mémoire. J’ai admiré certaines de ses intransigeances ; et surtout l’une des plus difficile pour une femme ayant eu son histoire et qui s’interroge quand même sur l’idéologie des droits de l’homme et sur l’absence de prescription des crimes contre l’humanité ; il ne peut y avoir d’oubli, il doit y avoir du pardon. Mais aussi cette intransigeance avec ses collègues en politique qu’ils s’appellent Bayrou ou Sarkozy ; elle vous a certainement coûté la charge de premier ministre voire celle de président.
Oui, vous entrez à l’Académie ni pour votre œuvre littéraire, ni pour la loi qui porte votre nom, mais parce que vous incarnez une voix qui ne sait pas pleurnicher ou geindre, mais qui affirme des principes. Vous êtes de notre temps une voix rare.