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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 12:43

Entre l’article de Lionel Stoleru (Le nouvel impératif industriel dans les Echos du 15/1/2009) et celui d’Eric Le Boucher (également dans les Echos du 15/1/2009), le tocsin sonne pour annoncer notre déclin industriel. Pendant ce temps les politiques se gargarisent d’une timide remontée de la consommation dans les pays occidentaux, de plans d’investissements publics volontaristes, de régulation de la sphère financière.  L’incroyable aveuglement de cette classe politique devient hallucinant. La consommation ne crée pas nécessairement de l’emploi  local si les biens consommés sont fabriqués à l’étranger.  Les plans d’investissements volontaristes ne sont probablement pas inutiles, encor faudra-t-il être sur qu’ils n’accroissent pas le gaspillage des fonds publics. Quant à la régulation de la sphère financière elle n’a pour l’instant touché qu’un sujet anecdotique qui est la distribution de bonus immoraux.

Mais où en est la politique industrielle ? Des mesurettes ont été prises, qui ne sont pas sans intérêt mais à 20 000 lieues de ce qui serait indispensable : je pense à la création du médiateur du crédit, à la création d’un ministre de la relance, au projet d’états généraux sur l’industrie.  Où en est le chantier considérable sur les parités des monnaies (les sous-évaluations  du dollar, du yuan, de la livre ) : trop difficiles pour être abordés ? Où en est le chantier sur le la protection des industries européennes face au dumping social des pays émergents : trop compliquées pour être initiées ? S’il est possible que ces actions méritent du temps et de la réflexion, ce n’est pas une raison pour ne rien faire.

Plus grave, parce que là le gouvernement français pourrait faire et ne fait pas : c’est la dérégulation dans nos frontières. Au lieu de faire disparaître des contraintes, il en rajoute. Au lieu de simplifier, il complexifie. La flexibilité sur l’emploi a été oubliée, la simplification du droit du travail est passée à la trappe, la rationalisation de la fiscalité est carrément massacrée avec l’instauration (prochaine) de la taxe carbone, avec la mise en place de taxe locales aussi bêtes que feue la taxe professionnelle (une superbe occasion ratée), avec la récente taxe générale sur les activités polluantes . Que dire des contraintes qui pèsent sur toute création industrielle, ou maintien d’un outil existant : et des études d’impact en veux-tu en voilà, et des autorisations qui n’en finissent pas d’arriver, et des délais avec des consultations de gens qui n’ont rien à faire de la création d’emplois supplémentaires. Toute cette inertie résulte en la disparition programmée des établissements industriels : pour prendre les exemples très récents, une raffinerie à Dunkerque arrêtée pour être probablement bientôt fermée, une ou deux autres (en Alsace et dans les Bouches du Rhône) qui vont peut-être d’ailleurs suivre ; une unité d’engrais qui ne se construira pas à Dieppe, un terminal gazier qui ne construira pas à l’embouchure de la Gironde, un autre qui aura des difficultés à naître à Antifer. Qui empêche ces investissements ? Une alliance hétéroclite entre les services de l’Etat (les DRIRE ou ex-DRIRE qui s’arrogent un droit de vie ou de mort sur toutes les installations dites dangereuses, et le danger est une notion parfaitement extensible), des écologistes qui privilégient des bestioles ou des plantules au nom de la sacro-sainte biodiversité, des voisins qui ont peur de perdre de l’argent lors de la revente de leurs biens. Le problème est clairement dans une atmosphère anti-industrielle (très vieille tradition française où l’industrie est associé à l’exploitation des travailleurs et la pollution de l’environnement), une haine de l’esprit d’entreprise (assimilé au seul esprit de lucre), à la sanctuarisation du « service public » (notion sortie des oubliettes du socialisme et qui consiste à opposer certains qui oeuvreraient pour  les autres et les égoïstes purs et durs). Si l’Etat a quelque chose à faire ce serait enfin de propager d’abord dans ses administrations un peu de respect pour l’entreprise, de proposer au Parlement d’abroger et de simplifier des anciennes lois plutôt que d’en voter de nouvelles qui n’apportent rien sinon plus de complexités.

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