La géographie a fait de la France un carrefour maritime de l’Europe. Présente sur l’Atlantique, la Mer du Nord et la Méditerranée. Et pourtant nos efforts pour développer cet atout ont été intermittents. Les constats aujourd’hui sont accablants : ports sous-développés (Marseille, Le Havre, Dunkerque ne sont que des ports régionaux lorsqu’on les compare à Rotterdam, Anvers, voire Hambourg ou Barcelone), voies navigables sous-exploitées faute d’investissements (pas de liaison Méditerranée-Mer du Nord, pas de liaison Méditerranée-Atlantique alors que la liaison Rhin-Danube est opérationnelle ), économie de la pêche et de l’aquaculture embryonnaire (la Norvège a des décennies d’avance), utilisation des possibilités énergétiques du monde maritime inexplorée (et pourtant en Europe nous devons avoir une des plus grande longueur de côtes).
Nicolas Sarkozy a eu raison de sortir du placard l’idée d’une stratégie maritime dans son discours du Havre d’il y a quelques mois. Comme d’habitude, après des phrases excellentes, l’action se fait attendre. Ou plutôt balbutie : la réforme des ports a eu surtout pour effet de chasser les utilisateurs des conseils d’administration des « Grands Ports Maritimes » au profit d’un renforcement des technostructures politico-administratives, les Régions se sont emparées du contrôle des ports d’intérêts régionaux sans avoir la moindre idée ni de leur fonctionnement ni de leurs objectifs. Le lancement du canal Seine-Nord est symbolique de l’inadéquation des décisions : au lieu de promouvoir un Grand Port de Paris on accroit la compétitivité du port d’Anvers qui va améliorer son positionnement vis-à-vis du Havre et de Rouen ; pourquoi ce choix étrange ? La peur des écologistes qui défendent les berges de la Seine ? L’idée de désenclaver Dunkerque (Mais il fallait construire un canal reliant ce port au réseau de l’Escault et du Rhin malgré les oppositions de nos amis belges) ? Pourquoi ne pas avoir mis les bouchées doubles sur cette liaison nord-sud (Canal Rhin-Rhône, ou Moselle-Rhône) qui aurait enfin permis de relancer le port de Fos, magnifique plate-forme qui devrait jouer en Méditerranée le rôle de Rotterdam en mer du Nord.
Tous ces projets ont fait l’objet de rapports, d’études, de calculs. Mais quand on en avait les moyens, rien a été fait. Et maintenant que les moyens sont réduits on les oublie dans les priorités du grand emprunt. Dommage.