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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 11:26

Taxer les revenus à 75% ! L'autre surenchérit, il faut taxer à 100% ! La raison invoquée est la justice fiscale. Taxer  les revenus du travail ne correspond à aucune justice, à aucune modernité, disons tout au plus que c'est pratique (prendre une portion de richesse à sa création), aisé (prélèvement à la source possible). Depuis des millénaires les gouvernants ont taxé le travail : ils ont appelé cette imposition corvée, ou après quelques évolutions, équivalent monétaire de la corvée. Depuis des millénaires les gouvernants ont taxé les revenus du capital :  ils l'ont appliqué au premier capital que l'humanité ait inventé, la terre exploitée, et ont opéré des prélèvements sur les récoltes, avant de sophistiquer les méthodes avec l'invention de nouvelles formes d'accumulation de capital.

Pour toiletter ces vieilles pratiques, nos sociétés contemporaines insinuent que les revenus excessifs ou les revenus du capital sont immoraux. Pour la gauche ce n'est plus un refrain, c'est une obsession.  Le problème est que l'on ne voit pas bien ce qu'il y a d'immoral à travailler en faisant fructifier au mieux ses talents; d'ailleurs personne ne s'émeut vraiment des revenus extraordinaires de vedettes du sport, de la scène; l'immoralité s'avère de fait liée à certains types de talents qui ne sont pas appréciés par une partie de la société : savoir gérer les hommes, les situations, les opportunités; on y voit une exploitation des uns par les autres,  vieille lune marxiste qui a la vie dure. Le problème des revenus du capital obéissent à la même logique : la capital n'est rien d'autre qu'une accumulation crée par du travail, et n' a rien d'immoral par son existence même; tout au plus peut-on se poser des questions sur un capital hérité, ou gagné au loto. Fondamentalement le revenu du capital n'est rien d'autre qu'un revenu différé dans le temps d'un travail exécuté à un moment. D'ailleurs certaines formes de revenus du capital sont parfaitement acceptées : les droits d'auteur par exemple, les revenus de brevets. En bref l'immoralité se limite aux revenus d'un capital consacré à l'économie, dividendes ou intérêts, et ne concerne en rien des rentes issues d'oeuvres  intellectuelles exécutées dans le passé, parfois jusqu' à cinquante ans. Ce qui est en cause est, de la même façon que pour le travail, l'idée sous-jacente que l'économie marchande n'est pas légitime, mais tout au plus nécessaire, un mal que l'on e peut éviter.

La seule justice que je conçois, dans une société moderne, est de taxer la consommation et la possession. La consommation parce qu'il est juste que ce soit les consommateurs qui paient pour les peines des producteurs, qui paient pour les efforts collectifs pour amener les denrées qu'ils désirent à leur portée, qu'ils paient pour toutes les protections dont ils profitent pour utiliser ces marchandises avec tranquillité, qui paient pour la destruction ou la disparition pour les autres de ce qu'ils acquièrent . La possession parce qu'elle n'est rien d'autre qu'une forme de consommation, moins immédiate, étalée dans le temps : il est juste de taxer ceux qui profitent de biens dont d'autres ne peuvent plus disposer; il est juste de taxer des denrées sorties du circuit de tous, qu'elles rapportent rien  ou qu'elles soient investies.

Mais je n'ai jamais entendu un homme politique refuser la facilité d'imposer le revenu du travail, fruit du talent, ou le revenu des capitaux fruit d'une utilisation économiquement saine de richesses accumulées. Sur toutes les estrades, mais surtout celles de gauche, il est de bon ton de stigmatiser  l'effort, à la grande satisfaction de ceux qui sont sans beaucoup de talents, ou qui, quoique doués, préfèrent la quiétude de la paresse.  Festival des envieux. 

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