"Tel père tel fils" de Hirokazu Kore-eda a perdu à Cannes la palme d'or face à "la vie d'Adèle".
"Lunch-Box" de Ritesh Batra sort en même temps que "Casse tête chinois".
Dans chacun des cas la sensibilité face à la vulgarité, la suggestion transformée en explicite, des beaux visages qui sourient, qui pleurent, qui expriment dans la nuance, et de l'autre côté des caricatures grimaçantes, hurlantes, un environnement du quotidien japonais ou indien ou affleure la critique sociale remplacé par des photos de tous les jours sans âme. Quand on parcourt les critiques de ces quatre films je reste éberlué par leurs commentaires : ils crient au génie pour "La vie d'Adèle", et n'arrivent pas à taire que Tel père, tel fils" est un grand film; ils qualifient de feel-good-movie "Lunch-Box" (?, j'imagine que ça veut dire sirupeux ?), et malgré toute leur complaisance ne peuvent cacher leur déception devant "Casse tête chinois".
Si l'exception française consiste à sortir des films où s'expriment uniquement le désir, la satisfaction immédiate desdits désir, l'indifférence profonde aux autres, le vocabulaire libéré, le poncif à la mode (la glorification du lesbianisme en milieu scolaire, un New-York de pacotille entre l'appart sur Central Park, un Chinatown dépassé, un Brooklyn tagué), alors je préfère la pépite indienne ou le chef d'oeuvre japonais. On nous fait tout un plat du cinéma français, mais pourquoi subventionner un tel plat de nouilles. De tête je n'arrive pas à trouver un seul film qui arrive à la cheville de ceux produits en Espagne, en Angleterre, ou dans d'autres pays plus exotiques. La production française est de toute évidence entre les mains d'une mafia qui puise à pleine main dans les ressources publiques et nous balance ses produits avec la complicité indulgente des médias. Il est quand même étonnant qu'il faille aller à Bombay pour retrouver la grande tradition française du roman par lettres, ou à Tokyo pour l'analyse approfondie des sentiments qui fit la gloire de nos romanciers.