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18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 17:32

Jim Ratcliffe, président d’INEOS (une des plus importantes compagnies chimiques mondiales), dans un entretien au Monde, rappelle des évidences :

« L'Europe a l'énergie la plus chère au monde, les impôts verts les plus élevés, les coûts sociaux les plus forts. En trois ans, mes bénéfices en Europe ont baissé de moitié, tandis que ceux aux Etats-Unis ont triplé. L'Europe n'est pas un bon endroit pour les affaires en ce moment, et ça empire. Je ne crois pas que les gens aient compris les défis qui leur font face. »

Il ne s’agit pas seulement de l’avenir d’INEOS en Europe mais de celui de l’ensemble de l’industrie chimique. Le sujet tourne autour d’ un million d’emplois. La commission européenne a-t-elle un projet en dehors de l’application de Reach. Le gouvernement français a t’il énoncé une seule idée pour tenter de sauver les sites menacés de Carling, Lavera, Dunkerque.

Le résumé du professionnel qu’est Radcliffe est limpide pourtant :

  • Il faut baisser le prix de l’énergie, donc réenclencher la construction de centrales nucléaires qui produisent des quantités d’électricité stables et bon marché même en y incluant des coûts de démantèlement, donc abandonner l’énergie éolienne instable et chère, cantonner l’énergie solaire à des micro-marchés locaux, donc exploiter des gaz de schistes qui seraient éventuellement dans notre sous-sol et apporteraient à la fois une énergie bon marché, non soumise aux tensions des marchés internationaux, et la matière première nécessaire aujourd’hui à toute industrie chimique de base rentable.

  • Il faut baisser les impôts verts ; je ne l’aurais pas dit exactement comme cela, je pense plutôt qu’il faut baisser les coûts engendrés par la manie verte, la longueur des procédures d’obtention des autorisations sous la pression d’opinions apeurées par des discours millénaristes, l’explosion des contrôles mis en place avec bonne conscience par Bruxelles comme avec le programme REACH (Registration, Evaluation, Authorization and restriction of CHemicals).

  • Les coûts sociaux les plus forts sont une évidence et tout particulièrement en France ; le gouvernement essaie avec une maladresse consommée de corriger cet handicap avec des initiatives qui sont à côté de la plaque comme le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi qui avantage les entreprises employant du personnel à bas coût dans des entreprises non exportatrices (style La Poste ou les grandes surfaces), ou nébuleux comme le mystérieux pacte de compétitivité qui part d’une bonne idée (faire entrer les cotisation familiales dans le budget de l’Etat) mais serait compensé par des contreparties des entreprises dont personne ne comprend ni la nécessité, ni même la philosophie (voudrait on alléger des charges pour alourdir des procédures ?).

La bataille pour l’emploi devrait se mener sur tous les fronts. Il ne faut pas faire semblant de vouloir pérenniser nos industries sans en prendre les moyens. L’industrie chimique (au moins la chimie de base) est proche de l’agonie. La sauver impliquerait d’agir et de passer outre les cris des syndicats, des écologistes, des administrations bruxelloises, de tous ceux qui au nom de quelques intérêts partisans ou de philosophies de décroissance, ou d’idéologie consumériste refusent les mesures qui sauveraient des emplois. Il faudrait, pour favoriser, au moins le maintien sinon le développement de la chimie mettre un frein à la tentation du « not in my backyard » slogan des égoïstes, et de la nocive notion du principe de précaution, outil de la peur et du renoncement.

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