Qu’il soit nécessaire de redonner une voix à la diplomatie française ne fait de doute pour quasiment personne. Que cette voix puisse être incarnée par un homme d’expérience comme Alain Juppé ne peut que suscite l’approbation. Mais le problème n’est pas seulement un choix de personnes. Face aux bouleversements successifs que subit le monde personne ne comprend quelle est la position de la France sur les grands sujets :
- Attitude face au terrorisme qui oscille dans l’incohérence : engagement en Afghanistan, abstention au Caucase, attentisme au Sahel ;
- Attitude face aux pays émergents : incapacité à définir une ligne cohérente de relations avec la Chine entre mercantilisme et droit de l’homisme ;
- Attitude en Méditerranée : échecs d’une politique ambitieuse dont on tarde à tirer les conclusions pour la réorienter et la relancer ;
- Attitude face à la nécessité d’une défense européenne : un jour entrée dans l’organisation militaire de l’Otan, un jour partage de coûts avec la Grande Bretagne, un jour unités communes avec l’Allemagne ;
- Attitude face aux défis économiques mondiaux : politique soumise à des lobbies environnementaux (protocole de Kyoto, conférences de Copenhague ou de Cancun), absence cruelle de compétences économiques pour tenter de faire progresser des propositions innovantes ;
La voix cassée d’Alliot-Marie n’a au fond que traduit officiellement le manque de doctrine de nos gouvernants. Lorsque l’échec a été patent, il ne faut pas seulement couper le sifflet à la moins audible, mais remanier en profondeur un cabinet élyséen qui est à la manœuvre depuis des années. L’arrivée d’un homme de poids au Quai est l’occasion rêvée pour faire revenir dans les clous des conseillers qui n’ont pas su faire leur boulot.