Notre développement industriel est soumis à la loi de la peur, camouflée sous les traits du funeste principe de précaution, et administrée par une cohorte de fonctionnaires ou de simili-fonctionnaires qui croient faire de la démocratie en écoutant les hurlements des associations écologistes et autres groupements qui défendent leurs intérêts égoïstes.
Notre développement industriel est soumis à la loi de la peur des conséquences sociales d’une remise à plat de l’accumulation de règles qui ont rigidifié le droit du travail, d’une réforme de régimes archaïques qui ont sanctuarisés certaines professions.
L’exemple caricatural de cette peur ambiante nous est administré par le port de Marseille-Fos. Tout est là pour démontrer que le port de Marseille a gâché ses chances : zone de développement de Fos inachevée depuis des décennies, faute de candidats, développement, à son détriment, des ports concurrents de Barcelone, Gênes, Anvers et tant d’autres, provincialisation de la zone faute de grands projets capables de la dynamiser , comme le canal Rhin-Rhône (enterré par les écologistes), la non-construction de nouveaux pipes, l’insuffisance des liaisons ferroviaires. Tout est là pour dire que ce gâchis monstrueux a été le fait d’une conjuration de tous les acteurs : des dockers au-delà de l’indécence dans leurs revendications, une administration du port sans courage, des acteurs patronaux qui ne pensent qu’à la conciliation, une administration territoriale menée par des acteurs qu’il est difficile d’admirer, une administration nationale qui ne songe qu’à préserver la quiétude des habitants.
La recette à fait les preuves de son inefficacité depuis des décennies : Marseille s’enfonce inexorablement dans son rôle de port de cabotage côtier, les industries s’éteignent ou s’alanguissent sous le grand feu de la mondialisation. Tout est là pour que l’Etat fasse de Marseille un grand exemple d’une nouvelle orientation industrielle : les acteurs actuels sont démonétisés, il serait facile d’en trouver d’autres si l’Etat osait, enfin, se lancer tout à la fois dans une réforme impitoyable d’acquis surannés, un lancement de grands projets structurant, une mise sous tutelle d’ une région incapable. Mais tout cela ferait beaucoup de bruit. Il faudrait beaucoup de courage. Il faudrait affronter des grèves, des émeutes. Alors là, la peur reprend le dessus. Et tout le monde de préférer une douce agonie, avec des doses de morphine qui ne cessent d’augmenter.
A quand une révolution à Marseille ? Une révolution qui ne peut partir que du sommet.