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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 16:44

Pourquoi résister à la tentation de croquer Xavier Bertrand ?  Pourquoi ne pas passer au hachoir cette caricature de l’homme politique ? Une pareille friandise ne se refuse pas.

Ni les études, ni la vie professionnelle ne sont de toute évidence des passions : il a torché sans brio un DESS d’administration locale, et s’est installé comme agent d’assurance (la voie royale des fils de famille fatigués) dans la petite préfecture de Saint-Quentin.  Son ambition est ailleurs, et il met des bouchées doubles pour tenter de la satisfaire : militantisme au RPR dès l’âge le plus tendre (être chiraquien à 16 ans, le rêve !), cirage de pompes du maire du coin jusqu’à ce qu’il le remplace, adhésion à une loge de francs-maçons (attiré uniquement par le travail sur soi et les idées des autres, bien entendu); le sujet est avide de se faire connaître, de se faire remarquer, de cultiver ses cercles d’influence.

Il y arrive, en faisant n’importe quoi : plus fort que Delanoë, il invente le concept absurde de la plage de Saint-Quentin ; il est fidèle de Seguin en demandant à voter non au référendum de Maastricht ; il est fidèle de Raffarin lorsque celui-ci est premier ministre en adhérent au club de la Boussole ; il devient thuriféraire (et ministre) de Villepin lorsque celui-ci est choisi comme premier ministre ; il trahit d’ailleurs ledit Villepin pour rejoindre Nicolas Sarkozy et devenir le porte-parole de sa campagne présidentielle. La fidélité aux personnes et aux idées n’est  pas sa tasse de thé. Lorsque de sa voix empreinte de certitudes, suave comme celle d'un prêcheur (en eaux troubles), il nous ressasse ses convictions, on hésite entre le sourire narquois et la franche rigolade.

Mais tout ceci ne serait qu’anecdotique, sans les fulgurances de son action ministérielle. La baudruche doit être dégonflée. Premier titre de gloire : la grippe aviaire ; vous souvenez-vous de cet épisode ridicule de la chasse aux canards qui venaient contaminer nos braves poulaillers ? Deuxième titre de gloire : l’interdiction de fumer dans les lieux publics ; archétype de la mesure prise pour faire plaisir à une moitié de la population qui ne fréquentait pas les cafés, contre la moitié qui prenait son petit noir, son petit blanc, et jouait aux cartes dans les bistrots .Troisième titre de gloire : la réforme des régimes spéciaux ; là le doute n’est plus permis, l’incompétence, l’amateurisme, le désir de faire plaisir à tout le monde ont triomphé : la réforme mise en place coûte plus cher que le régime antérieur.

A ces qualités d’intelligence, et d’efficacité, le bon Xavier Bertrand peut ajouter une méchanceté que l’on sent pointer en filigrane dans ses propos : le grassouillet furet du nord tente de mordre celui qui lui a ravi son poste de secrétaire général de l’UMP (comme il a mordu celui qui l’a précédé); le teigneux rentre dans le chou d’un journaliste qui tente de dévoiler ses ambitions de notable local. Il ne fait pas bon critiquer cet assoiffé de pouvoir.

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