Que donner à la Montespan, la mère des enfants, pour qu'elle ne fasse pas de scandale ?
Que dire à la Maintenon, la concubine en titre, pour qu'elle ne tyrannise pas l'entourage ?
Les courtisans murmurent, caquètent : la Montespan doit avoir une charge de prestige, elle fut aimée, elle fut puissante, elle ne mérite pas la relégation dans une obscure province.
La cour bruisse sur la puissance supposée ou réelle de la Maintenon : aura-t-elle un cabinet à proximité de la salle du conseil ? influera-t-elle sur le choix des collaborateurs, sur la distribution des grandes places ?
Le premier ministre va bientôt être choisi : il doit être compatible avec la Maintenon, sans avoir jamais insulté la Montespan. L'ex et celle en titre sont au moins d'accord pour que le parti des débauchés et ceux qui le soutiennent encore soient exclus du ministère. Mais après, pour marquer le changement de règne, ne faut-il pas marquer les faibles esprits des gouvernés par un choix aussi surprenant qu'audacieux : un jeune sémillant venu d'Espagne; ou bien faut-il choisir un calculateur qui sut à temps abandonner le parti du pervers, et montrer que l'on sait pardonner; ou alors prendre un vieil ami qui n'a jamais fait défaut; ou encore propulser un grognon qui saura manoeuvrer face aux hordes teutonnes. Nul doute que les conseils avisés des reines du coeur du roi auront leur importance.
On nous rebat les oreilles de la présidence normale. Oui elle est normale, mais parce que complètement conforme avec toutes les pratiques anciennes.
La constitution prévoit que le président nomme le premier ministre et que celui-ci présente au président pour approbation la liste de son gouvernement. La constitution ne fut jusqu'à présent appliquée qu'en temps de cohabitation. L'usage de tous les anciens présidents fut de composer eux-mêmes le gouvernement en ne laissant à son "collaborateur" que le choix de quelques maroquins (plutôt des secrétariats d'état que des ministères régaliens). A peine élu, Hollande qui se targait de changer de style, nous propose une redite des mauvaises coutumes du passé : personne ne connait le nom du futur premier ministre; du coup on ne voit pas très bien comment il peut préparer son gouvernement dans la transparence; le président élu, de toute évidence consulte, laisse filtrer des noms, en un mot ne s'embarasse guère ce torchon de constitution.
Le style soit disant éloigné des flonflons du règne précédent, s'est aussitôt installé dans une pipolisation de mauvais aloi : une certaine Valérie Trierweiler, dont on nous dit qu'elle est la fidèle maîtresse du président, nous parle de sa conception d'un poste qui n'existe pas, première dame de France, dont on ne comprend pas à quel titre elle l'imagine : nouvelle Maintenon, elle chasse de la cour un Julien Dray qui s'est compromis avec le Diable. La mère des enfants du président envahit les écrans pour nous assomer de sa grandeur d'âme de femme délaissée qui a pardonné et peut donc (à titre de compensation ?) briguer un poste de responsabilité . Et l'aîné des enfants est filmé sous toutes le coutures, pour nous proclamer toute l'admiration dévote qu'il porte à son papa. Marivaudage à Gérolstein.
Les mythes sont époussetés, pour nous servir dans une nouvelle sauce radical-cassoulet, les grands accents de la gauche mitterandienne : l'abolition de la peine de mort est remplacée par l'octroi du droit de vote aux étrangers aux municipales (un combat moral nous assène l'inusable Badinter), la réduction à 39 heures du travail hebdomadaire est remplacée par une retraite à 60 ans pour la classe d'âge des 19 ans (un combat pour la justice ? Parce qu'il est juste que ceux qui n'ont même pas eu de BTS se reposent plus tôt), la réévaluation du SMIC est omise au profit de l'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire (une mesurette digne d'un président ... de conseil général), et la fête de la Bastille est resservie dans une version sans enthousiasme symbolisée par un revenant (Pierre Bergé) et un évadé fiscal (Yannick Noah).
Tout est normal, les chaussons des prédécesseurs sont réenfilés, l'illusion du rassemblement autour de l'âtre pendant que soufflent les tempêtes de la mondialisation est offerte à tous.
48% des votants viennent d'élire Hollande président; 6% des votants ont glissé dans l'urne un bulletin nul ou un bulletin blanc.
Un résultat ras des paquerettes acquis par la conjonction d'un noyau de rentiers de la fonction publique (les joyeux lurons recrutés, en particulier, dans les havres de la territoriale), et de la bande des profiteurs de l'assistanat (le plus grand enthousiasme de tous les départements français s'est manifesté pour Hollande en Guadeloupe et à la Réunion avec des scores de plus de 70%).
Triste message transmis par les paresseux qui espèrent encore profiter, un temps, des misérables avantages que les circonstances leur ont octroyés. Triste message reçu par la France qui travaille et espérait voir sauvés les avantages acquis et mérités, la solidarité face à l'adversité.
Pied de nez puéril au monde extèrieur qui voit notre grand pays se complaire dans la dépense proclamée, la fiscalité déjà trop lourde magnifiée comme un outil de moralité, la contradiction entre une volonté faible de réduire le déficit de l'état et la tentation forte d'endetter l'Europe après être arrivé aux limites de l'exercice pour notre pays.
Insulte à ceux qui pensent que les réformes dites de société (adoption par les couples homosexuels, droit de vote aux étrangers, égalitarisme poussé aux frontières du système des quotas) sont autant de coups de couteaux à des valeurs fondamentales, dont on ne comprendrait pas qu'elle soient imposées par une minorité des électeurs.
Atterrement de voir choisi le moins expérimenté, le moins charismatique, le plus méprisé des socialistes par ses propres troupes, arrivé où il est par un mystérieux destin qui a fait trébucher DSK dans les bras de Nafissatou Diallo, qui a empêché François FIllon de porter les couleurs de l'UMP; drôle d'itinéraire qui a fait écarter les meilleurs de la gauche au profit de ce terne successeur des Laniel et autres Chirac; incroyable victoire du flou, de l'indécision, de l'approximatif, au milieu d'une bataille mondiale qui a besoin de généraux décidés et audacieux.
Les hommes politiques ne peuvent pas dire tout celà, même s'ils le pensent; on crierait aussitôt au déni de démocratie, à la stigmatisation, voire à l'appel à la guerre civile. Extraordinaire de constater que sur les idées ou les constatations les plus élémentaires il soit impossible de s'exprimer sauf en privé. Le déni de démocratie serait là.
Encadrer les loyers. Encore une preuve de l'imagination hollandaise. Pourquoi chercher des solutions neuves lorsque l'on peut trouver dans l'arsenal du passé des mesures qui ont fait preuve de leur inefficacité. C'est pire que pas d'imagination, c'est le refus de prendre en compte les leçons du passé, avec le ratage de la célébre loi de 48 sur les loyers qui mena au sous-investissement pendant des decennies dans l'immobilier : pas assez de constructions neuves, pas de rénovation de l'habitat ancien, désertification ou apauvrissement des centres villes. On en était sorti, faut-il y retourner ?
Avant de contraindre les propriétaires, ne serait-il pas sage de regarder un peu du côté des utilisateurs.
D'abord virer de leurs HLM et autres ILM tous ceux qui n'ont rien à y faire car ils ne sont ni nécessiteux, ni en peine de payer un loyer normal; certes, ils sont apparentés, ou amis (ou le furent dans le passé), d'un notable quelconque de leur commune; la raison est insuffisante pour abuser d'un droit d'occupation au détriment de ceux qui en ont vraiment besoin et stagnent pendant des années sur des listes d'attente.
Ensuite faire exécuter toutes les expulsions prononcées par les tribunaux de ces gens qui n'ont pas payé leur loyer ou utilisé leur logement en dehors des règles de copropriété. Ils sont peut-être nécessiteux, mais d'autres le sont autant voire plus qu'eux, et aucune logique ne permet de privilégier les mauvais payeurs; ils abusent surtout du droit. L'inexécution des procédures d'expulsion de plus conduit insidieusement les propriétaires à tenter de se couvrir de multiples cautions, de louer en meublé, voire de ne pas louer du tout.
En clair, avant de faire des lois, il serait judicieux de tout bonnement appliquer celles en vigueur. Pour un candidat qui se dit épris de justice, ne serait-ce pas naturel ?