L’Allemagne n’a rien à dire, son égoïsme est confirmé. L’Union européenne ne commente pas, son inutilité est patente. Macron reste seul avec son humiliation publique, orchestrée par Biden avec ses deux acolytes, l’australien et l’anglais, conviés à exprimer dans une conférence à trois improvisée, le chef derrière son pupitre, les sous-fifres derrière leur écran pour exprimer que les Etat-Unis, l’Australie, la Grande-Bretagne faisaient front uni dans le Pacifique contre la Chine, et que de ce fait les australiens devaient s’équiper auprès des américains. Cette farce indique le degré de sérieux avec lequel le président Macron est pris par les grands dirigeants de ce monde. L’effondrement de la présence de la France est ancien quoiqu’ elle soit encore bien utile pour assurer des missions de sécurité dans le Sahel par exemple. Mais elle n’est pas assez estimée, ni assez importante, pour des gants soient pris. Fessée publiquement sans que personne ne s’indigne.
Cette humiliation ne fait que prendre la suite de bien d’autres dont en particulier la fuite de Kaboul organisée par Biden sans concertation, l’abandon unilatéral par Trump des accords avec l’Iran pour l’inciter à ne pas développer l’arme atomique, la décision d’Obama de ne pas bombarder la Syrie quand elle avait utilisé des armes chimiques sans prévenir le président Hollande. Quels que soient les présidents américains, leurs opinions, leur caractère, une constante s’impose à eux, l’Europe, et même les pays qui pourraient compter comme la Grande Bretagne, la France et l’Allemagne ne pèsent pas grand-chose en géopolitique.
La réponse n’est pas évidente. Une politique étrangère ne se reconstruit pas en quelques semaines. Mais il serait temps de réexaminer ce qui est mis sous le tapis depuis au moins trois quinquennats : l’incorporation de nos forces armées dans l’Otan, les missions de l’OTAN, notre politique vis-à-vis de la Russie qui ne peut être un allié de la Chine sur le long terme, la nécessité d’une armée française élargie à d’autre partenaires pour nos interventions à l’étranger, l’urgence d’un budget militaire européen pour qu’elle puisse assumer sa défense, l’avenir du traité militaire de Londres qui liait la France et la Grande Bretagne.
De cet échec, il faut faire un tremplin pour convertir un ressentiment légitime en une indignation orchestrée en Europe, oublier les pays vendus aux américains comme les belges, les polonais, les ukrainiens, reprendre un dialogue avec les turcs tout aussi englués dans l’OTAN, essayer de forger cette alliance méditerranéenne du détroit de Gibraltar au Proche-Orient, reprendre le commerce avec l’Iran. En résumé briser les tabous, revenir à la grande politique gaullienne qui était de faire entendre la voix de la France dans le monde bipolaire américano-russe qui est devenu sino-américain, privilégier l’autonomie stratégique de la France face aux impérialismes. Macron saura-t-il concevoir puis mener ce renversement de politiques au-delà de mouvements d’irritation sans portée ? J’en doute.