Le Musée de l’immigration comme un coucou a fait son nid dans l’ancien musée des colonies. A l’épopée de français conquérant l’Asie, l’Afrique, l’Amérique, succède la chronologie d’individus fuyant leur pays d’origine. La fierté d’apporter culture, religion, progrès à des contrées sous-développées est remplacée par l’admiration devant l’importation de traditions et de modes vie qui nous enrichiraient. Cette évolution du bâtiment de la porte Dorée retrace l’engourdissement d’un pays passé de l’action (contestable, contestée, cruelle, égoïste, mais aussi admirable, dévouée) à l’exploitation de prolétaires importés. Le splendide projet art nouveau aux fresques et sculptures étonnantes abrite désormais une kyrielle d’objets et de photos plus ennuyeux les uns que les autres, plus inesthétiques les uns que les autres, bavards sous prétexte d’éduquer.
Dans ce lieu symbole du détournement de l’histoire, le président de la République a commis un discours affligeant bâti sur des principes bizarres :
- nier le passé colonisateur, nier le passé religieux, laisser croire que l’acceptation de l’immigration est une rédemption après une histoire qui n’aurait été marquée que de crimes ;
- omettre que la religion musulmane apportée à la semelle des souliers des immigrés maghrébins et sahéliens, peut poser un problème de cohabitation avec des institutions démocratiques ;
- insister sur la peur de certains envers l’étranger, alors qu’il s’agit de l’expression d’’une fierté de notre culture française face à celles multiples et tronçonnées des immigrés et de la volonté de ne pas la voir avilie ;
- proclamer l’ouverture à l’autre, alors qu’il s’agit d’une manifestation de mépris tant pour ceux qui sont accueillis sans que le pays en ait les moyens, que pour ceux qui devraient accueillir et qui sont déjà des assistés.
Le déni des réalités, l’ignorance de l’histoire, l’arrogance des certitudes, sont les injures proférées par ce président aux grandioses fresques du Palais de la Porte Dorée.