« … depuis 1990, les dirigeants européens se sont conduits avec une grande inconscience préférant dépenser des fortunes pour maintenir des modèles agricoles dépassés, des industries de défense dépareillées et des déficits budgétaires abyssaux … » déclare le Grand Sachem, Jacques Attali aujourd’hui dans les Echos.
Un tel diagnostic disqualifie son auteur :
- ne pas dépendre complètement de l’extérieur (en particulier de la Russie, et des Etats-Unis) pour se nourrir me paraît indispensable; la destruction accélérée de l’agriculture productiviste par une Union européenne soucieuse uniquement de dépenser des sous dans le renchérissement de son énergie est en crime en cours; bien entendu il fait dépenser des fortunes pour relancer au mieux notre agriculture;
- maintenir tant bien que vaille une industrie de l’armement (et de l’aéronautique, et de l’espace) pour avoir au moins un socle de départ est à mettre au crédit au moins de la France; les Dassault, Ariane Espace, Airbus et autres sont là non pas pour sauver l’honneur mais pour être les premiers grenadiers-voltigeurs d’une offensive;
- stigmatiser les déficits budgétaires abyssaux sans signaler qu’ils sont sous le signe de transferts sociaux trop gigantesques (retraites trop lourdes, chômage trop assisté, santé gratuite) est le signe d’un aveuglement inguérissable; il faudra bien un jour ou l’autre comme le sous-entend Draghi dans son rapport choisir entre se défendre ou se laisser aller à la torpeur des assistés.
Pour arriver à énoncer tant de contrevérités en si peu de mots, on en arrive à croire que tout celà sort vraiment du cerveau d’Attali et n’a été copié sur personne.
Le grand Sachant stigmatise tout le monde :
- les extrêmes droites nationalistes; le problème est que personne ne veut se battre pour un traité international (qu’il s’appelle traité de Rome, de Maastricht ou de Lisbonne) et qu’il est nécessaire de regonfler un peu de culture et de fierté occidentale pour générer un patriotisme européen;
- Le pacifisme d’extrême-gauche; il n’existe plus depuis des décennies et a été remplacé par un islamo-gauchisme outil d’une créolisation accélérée en France comme en Suède, en Allemagne comme en Italie;
- Le conservatisme des industriels; drôles de pleurs quand les responsables du déclin industriel de grands groupes sont les règles absurdes qui ont interdit les fusions au nom de la concurrence, le renchérissement prôné de l’énergie au nom de la peur du nucléaire, de la ferveur pour l’éolien, l'empilement des normes au nom de principes de précaution;
- Les craintes des syndicats; argument hilarant de la part d’un grand esprit de gauche qui a du perdre la boussole; schizophrénie ?
- L’absence de dirigeants politiques lucides et fermes; c’est le seul point qui du moins a été vrai dans le passé de l’Allemagne avec l’erreur de casting « Merkel », de l’Italie avec l’existence de partis populistes comme les cinque stelle et les néo-fascistes, de la France avec les personnalités désastreuses de Mitterand, Chirac et autres contre-épreuves; j’imagine que le génial Attali considère surtout le désastre de ne pas avoir été porté au pouvoir par une foule en délire.
Le noble personnage signe son article « Jacques Attali est écrivain et essayiste ». On voudrait lui rétorquer qu’il essaie de penser d’abord et d’écrire moins ensuite. Il nous éviterait de soutenir une conclusion évidente de son article « l’Europe de la défense … est vitale » avec des raisonnements aussi tordus et des poncifs de grand stratège en conclusion.