Tout d’abord le fond : un problème de refus populiste du coût de la démocratie. Des députés, sous-payés, trop nombreux et surtout dépourvus d’équipes pour préparer leurs dossiers. Alors ils sont soumis aux pressions de lobbies de tous genres (écolos, industriels, associations qui se baptisent ONG ce qui est plus chic); alors ils ont du mal à effectuer correctement leur travail pour une rémunération de misère comparée à leur charge de travail partagée entre commissions, séances plénières, visites en circonscription et normalement enquêtes sur les administrations.
Cet aveuglement avait conduit les députés de l’Assemblée Nationale à multiplier des assistants de complaisance : femmes, maîtresses, enfants de la famille; il avait conduit les députés européens à profiter des mannes bruxelloises pour faire travailler leurs assistants sur des problèmes nationaux. Et les voilà condamnés certes pour des délits, Fillon, Le Pen, et tant d'autres non poursuivis, mais surtout pour impéritie de l’état.
Et puis l’organisation : la rançon de l’indépendance de la justice est double,
- juges et procureurs doivent être chassés avec intransigeance quand ils sont coupables de paresse ou d’erreurs dans l’application des procédures (ce n’est pas le cas aujourd’hui, il suffit de consulter le fichier en ligne de toutes les peines indigentes et rares prononcées par le Conseil Supérieur de la Magistrature);
- Juges et procureurs doivent être apolitiques dans leur expression publique, ce qui normalement devrait interdire l’existence de syndicats partisans; surtout quand ils se trahissent jusque’à publier leurs haines sur un « mur des cons ».
Et enfin les assertions bizarres sur le respect de l’état de droit : l’état de droitt, à tout moment, n’est qu’un reflet de la société, avec ses carences, ses modes, ses lois votées à la va vite, voire indignes. Le respect ne devrait être du qu’à un droit naturel, compréhensible, et reposant sur des piliers acceptables par tout le monde : le droit d’être défendu, le respect de la présomption d’innocence, la nécessité de preuves pour condamner, le droit de pouvoir faire appel, la nécessité de la prescription, la proportionnalité des peines. Je crains que l’on s’éloigne de ces principes quand j’entends parler de peines exemplaires qui abolissent l’égalité entre les accusés, de durée invraisemblable des instructions qui torpillent en douce la prescription, de preuves rhabillées en faisceau de présomptions, de recours procéduraux qui engluent tout le spectacle; tout celà rend la justice inintelligible à ceux qui ont délégués le pouvoir de juger : les citoyens.