Mais qu'est-ce donc que le progressisme ? Ce ne sont pas des valeurs, le mot est trop beau ; pas des idées non plus, ce serait trop d’honneur ; tout au plus des stéréotypes pour journalistes engagés dans l’abêtissement de leurs auditeurs. Tout se résume à l’idée que nous devons nous fondre dans un village mondial ; l’universalisme se réduit à l’univers minimaliste d’un lieu idéal ou tout le monde peut surveiller tout le monde, ou chacun côtoie chacun dans une promiscuité hébétée ; l’humanisme est la croyance que la seule conquête qui vaille est un bonheur physique restreint à l’assouvissement de quelques besoins de confort corporel, l’adoration perpétuelle d’un corps divinisé par l’hygiénisme ; le métissage est un mot clef qui veut nous faire croire que la culture et née un jour d’uniformité, lorsque les différences ont été gommées, les gouts rassemblés dans un brouet dans lequel tout a été mélangé et cuit ensemble, les personnalités atténués dans un insipide respect des autres; la nature devient la seule référence ontologique : elle est caricaturée comme une personne qui souffre se dérègle et se venge, elle est idolâtrée comme un être suprême à qui l'on doit respect et cadeaux. C’est l’univers du Grand Inquisiteur de Dostoïevski, sauvé des conséquences de la liberté d’agir et de penser, épargné des choix douloureux de la Vérité, de la Beauté, de la Bonté, anesthésié par ceux qui nous veulent du Bien.