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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 09:54

La campagne de lutte contre la grippe A (H1N1) est révélatrice de plusieurs errements :
- l'application de la politique du parapluie
- la projection du film catastrophe
- le final, triomphe de la tartufferie

La politique du parapluie est motivée par la crainte des juges. Il s'agit pour le personnel politique tout autant de se protéger que de promouvoir une politique sanitaire. Les politiques vivent dans la hantise des procès faisant suite à l'affaire du sang contaminé ; hantise absurde puisque les ministres mis en cause et leurs conseillers ont bénéficié tous de non-lieux  (à l’exception d’un seul qui a été condamné très légèrement). La justice n’a donc pas édicté une obligation d’agir face à une présomption de risque ; elle a examiné cas par cas si les mis en cause avaient rempli leurs devoirs d’action lorsqu’ils disposaient d’une information fiable. C’est exactement l’inverse du principe de précaution et la seule application d’une règle universelle de prévention en cas de danger avéré. La deuxième affaire dite de la canicule est encore plus absurde puisque un certain nombre de médias se sont étonnés que des gens meurent lorsque les conditions climatiques sont rudes ; cette révolte devant les conditions météorologiques s’est transformée en une virulente attaque contre un ministre ; le monde politique a conservé une crainte panique d’une mise en accusation devant le tribunal populaire. Là le dévoiement du principe de précaution est particulièrement visible : la mort anticipée de quelques grabataires, de personnes en fin de vie a soulevé des indignations « vertueuses » sur notre absence de respect des « aînés » ; on ne raisonne plus, c’est la « Grande Peur ».

 

La projection du film catastrophe suit nécessairement la mise en application du principe de précaution. Ne sachant pas trop quel est le problème, ignorant à peu près quelles sont ses conséquences, l’homme politique (l’administration aussi) se doivent de gonfler le sujet afin de justifier leurs actions. Les experts de tout poil sont appelés à la barre afin de décrire la terrifiante réalité supposée et les lendemains encore plus sinistres. L’autojustification de ses erreurs se marie avec des statistiques tronquées (par exemple le nombre de morts par la grippe A(H1N1)  qui n’est jamais comparé avec les morts des simples grippes saisonnières)  des absences troublantes (où en sont les pays de l’hémisphère Sud qui ont connu cette pandémie avant nous) des prédictions sans intérêt pratique (et si le virus mutait ? et alors le vaccin servirait-il ?).

 

Le final est grandiose. Articulé sur trois thèmes : la grippe peut reprendre dans les mois qui viennent, les vaccins vont être vendus à d’autre pays, la commande de vaccins est partiellement annulée.  Chacune de ces petites musique relève d’un registre différent : l’affabulation (la grippe peut reprendre, elle peut surtout ne pas reprendre), le mensonge (qui va acheter des vaccins en voie de péremption, pour une pandémie en voie d’extinction ?), la malhonnêteté (annuler une commande alors que ce n’est pas prévu au contrat ça s’appelle renier la signature de l’état).

Après avoir mal anticipé, mal géré, affabulé, mentit et s’être comportée comme un vulgaire escroc, je ne vois pas d’autre issue pour Madame Bachelot que de se retirer immédiatement de la vie politique.  Elle rattraperait par un geste fort l’image lamentable de l’Etat qu’elle a donné.

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