Dans une démocratie la notion de propriété individuelle reste fondamentale et la propriété collective doit rester limitée à des équipements dits publics. La définition d’un équipement public est élastique : certains ne souffrent guère de discussion, d’autres sont plus flous (écoles privées, cliniques privées, autoroutes données en concession, entreprises de secteurs qualifiés de stratégiques comme l’énergie ou l’armement, …) ; mais au final la sphère publique dans une démocratie peut rester limitée à ce qui ne suscite pas l’intérêt long-terme des acteurs économiques, et ce qui protège l’existence même de l’état démocratique. Personne n’est bien entendu obligé d’être démocrate ; mais si tel est le cas, il est nécessaire de protéger ce droit à la propriété car il l’expression de la liberté économique et celle-ci est la meilleure protection de la liberté tout court.
Ce petit préambule ne me sert qu’à dire tout la nécessité que je vois à l’existence du bouclier fiscal. Il est liberticide de pouvoir imaginer de tondre un contribuable au-delà de certaines limites, car ce serait le spolier. Si les revenus de quiconque sont rabotés au point qu’il se retrouve dans l’incapacité d’entretenir ce qu’il possède, il faut admettre qu’il est volé du fruit de son travail, de son astuce, de son héritage. Ce vol n’est légitime que dans une optique d’égalitarisme, qui entend transférer les biens de certains privilégiés à d’autres moins privilégiés. Pourquoi pas, mais on n’est plus dans un régime démocratique qui se définit par la protection de tous les individus sans restriction, qui refuse l’oppression de minorités par une majorité. Pourquoi pas, mais il serait plus simple alors de fixer des limites à la richesse individuelle, de limiter les héritages, de plafonner les revenus ; l’expérience a déjà été tentée, avec le succès que l’on sait dans ce qui avait été baptisé « les démocraties populaires ».