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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 12:02

Il semble maintenant qu’il soit interdit d’énoncer une critique contre un groupe de gens sans être immédiatement soumis à une contre-offensive : vous stigmatisez !  Le mot est très fort puisqu’il implique une notion d’exclusion permanente (marquer au fer rouge les esclaves fugitifs).  On pourrait aller jusqu’à dire, en suivant le même raisonnement,  que ceux qui dénoncent certains comme stigmatiseurs sont eux-mêmes des stigmatiseurs.

Comment faire pour dénoncer un comportement d’une communauté, des coutumes d’un groupe, des mœurs d’un sous-groupe, des voies et moyens d’un collectif ? Une première réponse est qu’il ne faut pas dénoncer publiquement, et que la critique doit rester privée ; certes, mais la liberté d’expression ne peut s’arrêter, comme dans les pays totalitaires, aux murs de sa maison.  Une deuxième réponse est que la liberté de comportement  doit être entière (tant qu’elle ne contrevient pas aux lois existantes) et n’admet pas de critiques tant qu’une nouvelle loi n’interdit pas ce type de comportement ; facile, mais peu réaliste car on ne voit plus comment  il pourrait être discuté de nouvelles règles qui, par définition, vont entraver certains modes de vie ou d’expression.  La troisième, très tendance, est de réserver la critique aux « sachant », en l’espèce des sociologues qui seuls auraient la capacité d’analyse et de synthèse nécessaire ; retour éternel de l’utopie d’un gouvernement des sages ; prélude, oh combien constaté de notre temps, à un despotisme de moins en moins éclairé.

Entre la haine de la parole, et la parole haineuse, depuis longtemps l’honnête homme a tenté de trouver la voie pour exprimer ses opinions.  Voie qui devient étroite lorsque le moindre de ses propos peut être taxé  comme entaché de sous-entendus, de relents,  de tristes réminiscences. Une allusion à une coutume détestable (à l’aune de celui qui s’exprime) d’une communauté et les menaces de procès sont agitées illico. Drôle de démocratie où la tolérance est limitée aux opinions majoritaires de quelques élites.

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