Comme l’a fort bien écrit le Canard Enchainé du 12 novembre, l’affaire Jouyet-Fillon a démarré par une faute professionnelle des deux journalistes du Monde qui ont dévoilé leurs sources ; lorsque vous ne protégez pas vos sources, vous pouvez être sûr de vous couper de confidences futures.
Sans ce dérapage des journalistes, la manœuvre était limpide : Jouyet, sur l’impulsion de Hollande, invitait Fillon à déjeuner dans un restaurant au vu de tous ; Hollande caftait ce rendez-vous à Fabrice Lhomme et Gérard Davet ; Ceux-ci allaient voir Jouyet qui leur livrait en confidence des horreurs sur une prétendue demande de Fillon d’accélérer des procédures contre Sarkozy ; et normalement cela devait fuiter dans les journaux pour aviver les querelles entre dirigeants de l’opposition, noyer Fillon comme adversaire le plus sérieux à terme dans la prochaine présidentielle, favoriser Sarko le meilleur ennemi possible avec son bilan médiocre et la phobie de nombre d’électeurs à son égard, enfin tresser des louanges à la présidence nouveau style qui ne faisait jamais pression sur la justice comme la précédente.
Petite manœuvre politicienne dont se délectait d’avance Hollande, conduite par son favori, animée par ses journalistes habitués. Mais, patatras, les exécutants n’ont pas bien fait leur boulot. Et les pieds nickelés du Monde au lieu de faire parler d’une source très proche du président, ont préféré citer des noms. Décidément on ne peut faire confiance à personne. Pour la prochaine manœuvre qui en toute logique devrait viser Juppé, il faudra l’Elysée plus de prudence et de professionnalisme.