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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 11:37

L’affaire du Médiator est instructive.

Les ministres en charge de la santé publique se défilent. Et pourtant Dieu sait s’ils nous ont bassinés avec leur politique de précaution pour la crise de la vache folle (délire de brulis de troupeaux de vaches), la crise de la grippe aviaire (propagation de l’angoisse, « et si le virus mutait ? »), la crise du virus AH1N1 (vaccinez, vaccinez, si cela ne fait pas de bien, au moins ça ne fait pas de mal pour les autorités).Mais là, ils ont oublié leurs principes.

L’Agence du Médicament  rebaptisée Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, signe au mieux son incurie, au pire son incompétence. Elle était investie de cinq missions et a faiili sur deux d’entre elles :  « garantir la sécurité et le bon usage des produits de santé », « informer sur le médicament et le bon usage des produits de santé ». Elle comprendrait 1000 professionnels, 2000 experts réguliers ou occasionnels.  Much ado about nothing.

Les médecins ont escroqué l’Etat en prescrivant un médicament remboursable sous prétexte de diabète, alors qu’il s’agissait de faire prendre un coupe-faim. La dérive des pratiques médicales de soigner à faire plaisir à un client, trouve là un symbole extraordinaire. L’extraordinaire surconsommation de médicaments des français, l’incroyable prolifération des arrêts de travail trouve son origine dans ce laxisme des comportements des praticiens pris à la gorge entre des rémunérations de misère et une une philosophie toujours plus propagée de la gratuité absolue des soins.

Et que dire des utilisateurs, infantilisés tout à la fois par une marée d’incitations à la « maigritude » et une avalanche d’incitations à la surconsommation médicale (dépistez, prévenez, scanérisez, IRMisez …) . Le moteur de cette affaire est là. Le gouvernement, les Autorités dites compétentes, le corps médical, se laissent porter par cette demande sourde, insistante, exigeante. Pourquoi refuser au bon peuple des gros un petit médicament gratuit ?

Mais on ne peut en vouloir aux gros ; peut-être quand même à ceux qui les manipulent ; mais comment les atteindre ? On ne peut en vouloir aux médecins qui  exercent sous des pressions financières et humaines, sans bien entendu imaginer la nocivité de ce qu’ils prescrivent. On doit sanctionner une Agence qui n’a pas rempli son objectif : pourquoi ne pas la dissoudre ? Et quand à la kyrielle des ministres qui n’ont pas su s’informer, Bernard Kouchner, Dominique Gillot, Jean-François Mattei, Philippe Douste-Blazy, Xavier Bertrand, Philippe Bas, Roselyne Bachelot-Narquin , s’ils ne sont pas coupables, ils sont bien entendu responsables ; responsables du défaut de communication, responsables du manque d’organisation. Comme vient de le rappeler Robert Debré « C’est trop facile de se défiler quand un drame survient, alors qu’on réclame ventre à terre un poste au gouvernement ».

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 11:15

Le corps médical s’est arrogé un droit suprême celui de sauver la vie. Ce n’est pas le geste altruiste de celui qui vient au secours d’un noyé, quelque fois au péril de sa propre existence. Ce n’est pas le discours de ceux qui aiment qui tentent de protéger un adolescent, ou un dépressif  d’un emballement subit pour sa propre annihilation. Non, ils ne sauvent ni par amour, ni par instinct mais au nom de principes qu’ils ont choisi de respecter et qu’ils baptisent code d’éthique. Que chaque profession ait un corpus de règles déontologiques, quoi de plus normal, de plus respectable. Le problème est que les règles médicales empiètent à la fois sur le libre-arbitre des individus et sur leur dignité d’être humain.  L’exemple le plus patent est l’inversion du raisonnement qu’ils tentent de propager : il est obligatoire pour un patient de se laisser soigner  et l’interruption d’un traitement est une euthanasie. La première réalité est qu’un médecin n’est qu’un technicien du corps que chaque patient consulte ; le terme est clair : le médecin propose, le patient dispose. La deuxième est que la vie n’est pas une conséquence de médications, d’opérations et d’appareillages. Lorsqu’un soignant refuse de débrancher un malade (l’exemple le plus célèbre aujourd’hui est celui d’Ariel Sharon), il ne sauve pas une vie, il laisse croire tout à la fois qu’il ne fait qu’exécuter des volontés implicites et que la technique peut triompher de la mort. Deux mensonges. Si personne n’a le droit de donner la mort à un autre être humain, sauf pour se défendre, personne ne peut s’arroger le droit de faire vivre à l’encontre d’une volonté lucide, et en l’absence de clairvoyance, au moyen de dispositifs techniques quels qu’ils soient. La prise en otage de nos existences par une science arrogante est à combattre.

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 10:54

Décidément, il n’est plus possible d’ouvrir la bouche sans se faire taxer de racisme, d’homophobie, de sexisme, de provocateur public.

Un propos vulgaire de Berlusconi se bornant à afficher sa préférence comme amateur de jeunes femmes plutôt que gay se transforme en stigmatisation de la communauté homosexuelle !

Une parole de Guerlain ironisant sur une prétendue paresse des africains, devient une atteinte intolérable au souvenir de la traite négrière !

Une allusion au non-sens de la parité homme-femme et vous voilà machiste à tout jamais !

Un commentaire sur l’inflation devient une injure à Rachida Dati ! Une pancarte avec l’inscription « casse-toi pauvre con » et c’est le chef d’état qui est insulté !

Incroyable main-mise d’un  nouvel ordre moral sur n’importe quel propos. Ce n’est plus l’injure qui est traquée, mais l’injure qui aurait pu être dite, le sous-entendu que l’on n’a pas entendu mais que l’on aurait pu entendre, la pensée nausébonde qui aurait pu s’exprimer mais que l’on a reniflée. La cause est entendue dès que quelques pauvres mots se sont échappés malencontreusement : ils sont significatifs d’une pensée déshonnête,  ils sont inexcusables sans que soit recherché un contexte, l’intention est coupable, le balbutiement est sacrilège. Les tenants de l’ordre sont aux aguets : eux savent décrypter au premier mot, la pensée coupable sous-jacente. Les thuriféraires de toutes les mémoires sont investis de la mission sacrée de pourchasser non seulement ceux qui les insultent , mais aussi ceux qui auraient pu penser  les insulter. Une seule voix clame partout qu’il faut extirper les « mauvaises pensées » de nos esprits.

Hier, en voyant le petit film « Crainquebille » adapté du roman d’Anatole France,  j’ai été ému par le sort misérable de ce pauvre vendeur de maraichage entraîné dans un malheur sans fin pour avoir un moment pensé « mort aux vaches » , sans le dire, devant un représentant de la loi. La critique d’Anatole France de la bêtise humaine, acoquinée d’un zeste de méchanceté toujours camouflé dans un carcan de règles, de droits, de bonne conscience ,  reste sans conteste d’actualité. Une programmation d’une rare pertinence.

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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 18:40

La logique comptable est considérée comme l’aboutissement suprême du raisonnement machiavélique : en son nom que de crimes, d’injustices, seraient commis. Comme les clients cupides de Monsieur Ponzi, les contempteurs de la logique comptable préfèrent la douceur des profits immédiats, les gratifiantes dépenses à court-terme, au mépris de tout souci élémentaire du long-terme. Comme les naïfs escroqués de Monsieur Madoff, ils s’enthousiasment de leur perspicacité de cigales qui enchantent le temps d’un été, pendant que des imbéciles fourmis préparent le futur.

Des rapports déjà anciens (ils datent de 2005) avaient prévenu de l’inexorable arrivée de l’hiver  sous la plume des Camdessus, Pébereau et d’autres. Notre premier ministre s’était exclamé (avant le coup de tonnerre de la crise financière de 2008) que la France était en faillite. Mais rien n’y a fait, il fallait que la fête continue, « the show must go on », pourquoi détacher les guirlandes alors que l’on peut encore s’amuser ? Pourquoi ne pas réclamer encore plus d’actions en faveur de tel ou tel, plus de transferts sociaux, plus de politiques d’accompagnement.

Aussitôt les grandes voix s’élèvent pour protester contre toute politique qui risquerait de creuser les fossés entre classes sociales, qui enfoncerait les cités dans la misère, qui amoindrirait le pouvoir d’achat, qui toucherait aux acquis sociaux (la retraite, la sécurité sociale, le chômage) ; elles annoncent que tout changement serait synonyme de réaction et conduirait inévitablement à un soulèvement social.  Croient-elles vraiment qu’elles protègent les plus démunis, les plus faibles, les moins doués en ne leur signalant pas que la comptabilité n’est pas un outil inventé par des ploutocrates pour opprimer les pauvres mais une simple arithmétique dont les lois sont universelles.

Comment oser se qualifier de socialiste (ou de réformateur de droite, d’ailleurs) lorsque l’on croit que l’aveuglement va protéger les faibles, que le bon cœur tout de suite est une politique, que l’incitation à la réclamation immédiate peut protéger l’essentiel des protections sociales.  Certes nous avons la classe politique que nous méritons, mais quand même ne serait-il pas possible qu’ils arrêtent de fermer les yeux devant les dangers, en prétendant ouvrir les oreilles aux gémissements intéressés.

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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 11:18

En ce temps de Noël deux scandales assombrissent la fête : les sans-papiers, les sans domicile.

Comme l’écrit Sophie de Menthon dans les Echos : pourquoi ne pas donner l’opportunité aux employeurs de faire régulariser les sans papiers qui travaillent pour eux,  pendant une période trois mois et moyennant un CDI en bonne et due forme ? La solution est humaine, logique et autorise, une fois le délai de grâce passé à se montrer intransigeant envers tous les patrons fautifs.

Quant aux sans domicile, la vue est poignante : que penser d’une société de consommation qui tolère, au pied des vitrines illuminés, des pauvres agglutinés sur une bouche de chaleur, avec parfois près d’eux un sapin récupéré, symbole dérisoire des cadeaux qu’on ne leur a pas fait. Je ne sais pas ce qu’il faut faire. Certainement pas des promesses comme celles prodiguées par un candidat à la présidence. Certainement pas des mesures démagogiques qui aboutissent à stériliser le marché de la location sous le prétexte de protéger le locataire. C’est un devoir de l’Etat (central ou collectivités locales) d'aider les plus faibles. Je ne comprends pas qu’il soit si difficile de construire quelques hospices (très beau mot que l’on vilipende alors qu’il exprime la chaleur d’un accueil) pour abriter les blessés de la vie. Ce serait un devoir de l’Etat de privilégier cette action par rapport à des campagnes dispendieuses contre des pandémies bénignes.

Souhaitons pour ces deux catégories qui ne votent pas une meilleure année 2010, avec des choix budgétaires plus adaptés ou des procédures administratives mieux ciblées.

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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 09:33

Que recouvre le pacte social sur la santé ? Personne ne le sait réellement puisqu'aucun référendum, aucun "Grenelle", aucun grand programme ne traite ou n'a traité du sujet depuis le programme du Conseil National de la Résistance. Beaucoup a été fait, mais sans vraiment redéfinir globalement l'objectif qui était "d'assurer à tous les citoyens des moyens d'exisence lorsqu'ils sont incapables de se le procurer par le travail". Cette idée noble et simple a depuis été mise en application par tous les gouvernements (maladie, vieillesse, RMI). Jamais il n'a été question de la gratuité de tous les soins. Elle ne fait pas partie du pacte initial. Cette idée de gratuité plombe le système : l'exemple le plus récent est la vaccination contre la grippe H1N1, maladie bénigne qui va coûter un milliard à l'état. Les gouvernements successifs ont essayé plutôt mal que bien de résister à cette idée de gratuité. Les tickets modérateurs, les forfaits hospitaliers, les déremboursement de médicaments de confort ont été des tentatives en ce sens. Tentatives trop craintives pour être un remède à la crise financière de la Sécurité Sociale. La crise est maintenant trop grave pour que ne soit pas lancé le débat pour revenir à l'esprit du texte du Conseil National de la Résistance : oui à la solidarité lorqu'elle est utile et nécessaire, non à la gratuité des soins.

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