Respect
D'un devoir d'humilité affiché envers les autres (vieux ou non, sages ou non, forts ou non), s'est transformé en droit à la reconnaissance par les autres de sa différence.
Pharmacie
Avec les beaux jours les pharmacies se remplissent de vieilles dames qui vont faire leurs emplettes de pilules gratuites. Avec leurs cannes, leurs lunettes, leurs audiophones, leurs articulations en plastoc, leurs membres revissés au titane, et autres postiches elles encombrent les officines de leur présence indiscrète ; elles hurlent leurs petits maux dans les oreilles des préparatrices ; elles clament leur désir de survie, leur acharnement à mener aussi longtemps que possible une existence défaillante. Elles bassinent le chaland avec des dévotions aux grands pontes qui leur ont permis de grappiller quelques années ou quelques mois de plus, elles expriment leur adoration pour les médicaments qui font des miracles, elles n’ont qu’un Dieu, leur santé.
Drogue
Médicament ingéré par des sportifs pour faire frémir des foules et garnir ses comptes en banque. Fortifiant pris par des excités du sexe pour assouvir des nymphomanes. Calmant auquel recourent des sans travail qui ne veulent pas casser la baraque. Adjuvant nécessaire pour des vedettes des médias et des affaires perdus de honte à l'idée de manquer d'agressivité.
Zapping
Vient d'une absence de confiance dans ses capacités de concentration, d'un dégout incrédule des productions proposées, de la hantise de louper un bonheur indicible caché on ne sait où.
Voile
De pudique il est devenu islamique. Destiné à cacher la vertu, il affiche l'intransigeance.
Maternelle
Ainsi dénommée pour bien signifier à des pères imbus de leurs droits surannés que c'est un lieu d'évasion du patriarcat pour l'accueil des très jeunes enfants.
Mariage pour tous
Institutionnalisation de la sodomie et du saphisme : aurait fait plaisir à Suétone qui se serait complu a rajouter un petit texte sur la décadence de la République; aurait navré Sade de la perte d'une exclusivité éditoriale;
Orientation sexuelle
Choix de navigation dans les plaisirs de la chair : quand vous hissez le foc, il faut décider si vous le laissez fasseyer ou si vous l'étarquez. Prendre le vent arrière ou naviguer au près that is the question.
Union et caricature
Qu'une caricature de sexualité soit pratiquée dans l'intimité de chambres ne dérange pas grand monde tant qu'elle n'implique pas l'exploitation ou la souffrance de l'un des partenaires; Marguerite Duras en déclarant que "plus encore que son amant l'homosexuel aime l'homosexualité" ne traduisait-elle pas profondément que ce type de relation n'est qu'une ébauche, une tentative de réalisation angoissée d'un absolu que certains sont inaptes à atteindre. Que cette caricature soit présentée comme devant recevoir une approbation de la part de ceux à qui elle ne plait pas relève d'un exhibitionnisme guère surprenant; mais il y a une différence à respecter entre supporter (nécessaire), et accepter (possible mais non obligatoire) voire cautionner (pas obligatoire du tout). Plus insidieuse a été l'idée que ceux qui pratiquent ces contrefactions veuillent établir un droit des contrefacteurs à bénéficier d'une égalité avec les non-simulateurs : ils veulent d'abord bénéficier des avantages de la solidarité nationale, puis ils veulent pouvoir hériter; ce fut l'idée d'un PACS élargi aux homosexuels. La logique du système s'est imposée d'elle-même après, car après tout il ne s'agit que d'un degré de plus dans un raisonnement pervers : après les droits pécuniers, il faut entériner le droit à la famille et vient la proposition du mariage qui consacre le faussaire dans la vie sociale. Et la navette se dévide encore : ils ne peuvent pas avoir d'enfant ? Qu'importe ! Qu'ils puissent en obtenir par l'adoption, la PMA et la GPA. La mascarade bat son plein, et les bateleurs tournent autour de la scène en criant que la pièce est géniale, qu'elle a déjà eu beaucoup de succès dans quelques pays étrangers, que c'est un must pour les gens branchés. Mais en réalité ce n'est qu'une farce, un numéro de café théâtre. Pas drôle puisqu'elle fait participer au spectacle des enfants qui n'ont pas demandé à y jouer. Sinistre quand elle tente de faire croire que le mensonge est l'essence du progrès. Pesante à nous ressasser que ne pas participer au triomphe de cette représentation biscornue est le signe de la haine, de l'homophobie, de la réaction cléricale, de l'incompréhension de l'évolution des moeurs.
Si l'évolution des moeurs est l'acceptation du mensonge, de son installation dans les institutions, de sa reconnaissance comme une perfection éthique, eh bien je suis hostile à l'évolution de ces moeurs là.
Dialoguer
Dans notre monde de parlotte, le dialogue est devenu un paradigme. Il a ses modes d'expression : assemblées, conventions, réunions, comités, entretiens, émissions interactives, d'autres plus anciennes comme discussion sur le zinc, d'autres plus modernes comme blogs, ou tweets. Il a ses rites : questions des chers auditeurs pendant une émission de radio, parole à des intervenants à la fin d'un discours, écoute compassionnelle de tous ceux qui n 'auraient pas votre niveau intellectuel ou culturel (malades, enfants, handicapés), verbalisation de l'indicible (accidentés de la vie, minorités souffrantes) . Il a ses passages obligés : ouverture (elle est la preuve de la largeur d'esprit, jamais de l'approximation, de l'imprécision, du relativisme) , tolérance (elle est proclamée obligatoire pour tous ceux qui trouvent intolérables certaines situations), travail en équipe (la décision individuelle, l'opinion individuelle se doit d'être noyée dans un élan collectif), démocratie participative (les minorités ont tort sauf si elles sont opprimées).
Le dialogue moderne, s'éloigne tant de la maïeutique que de l'information réciproque. Il ne s'agit plus de trouver un raisonnement, ou d'acquérir des connaissances pour mieux formuler une conclusion. Il faut imposer des modes de pensée par ce que l'on appelait jadis la propagande, le prosélytisme, la manipulation. La nouveauté est qu'il est présenté comme une médecine douce, homéopathique, dans laquelle la qualité d'écoute devient l'outil insidieux de la mise en condition de celui que l'on est censé écouter; une sorte de psychanalyse appliquée à des groupes.
Le dialogue moderne est ennemi de l'action. Il est consensuel, elle est "clivante", il est apaisant, elle est "stigmatisante", il est porteur de valeurs, elle est porteuse de brisures donc d'inégalités nouvelles, il est le symbole de la précaution, elle entraîne dans l'inconnu. La nouveauté est qu'il est une drogue douce qui endort les paresseux dans le confort de ses droits acquis, les rentiers dans la perpétuation de leurs privilèges.
Le dialogue est l'arme des puissants pour mieux asservir la foule. Rien de très nouveau dans l'histoire. La seule modernité est que les outils de communication contemporains, les outils de contrôle d'un état moderne, ont transformé la parlotte en moyen inattaquable du triomphe du despotisme démocratique.
Lire
Lire c'est ringard. Les librairies ferment les unes après les autres. Une des disparitions qui m'a fait le plus de peine est celle des PUF sur le Boulevard Saint-Michel à Paris, la seule où l'on pouvait trouver des titres improbables de thèses confidentielles, éditées à peu de frais. Lire serait-il limité à déchiffrer des tags sur des murs crasseux, interpréter des onomatopées enoyées sur l'écran de ses instruments fétiches, ânoner les mots qui défilent sur u prompteur, décrypter les signaux qui envahissent les bords de routes voire le macadam lui-même, deviner les sous-titres d'un film pas doublé, gober les unes du journal gratuit que l'on vous a fourré entre les mains à l'netrée du métro ? Plus relèverait-il de l'arrogance intellectuelle ? C'est le sentiment dans les cours des établissemets scolaires.
Débauche
La débauche est un terme aboli par les élites qui s’y livrent. Leur comportement est libéré ou libertin . Les quelques dévoyés qu’il est vraiment impossible d’excuser même à leurs yeux, ont un comportement pathologique : leur problème n’est ni moral, ni intellectuel, il n’est que le fruit de leurs gènes, de leurs humeurs peccantes, de leur milieu, et leur condamnation relève ou du médecin ou du juge. Le président entretenant sa maîtresse aux frais de l’état est normal, le directeur général du FMI troussant la bonne avec ou sans son accord relève du pénal. Le ministre draguant de jeunes mineurs thais, ou brésiliens (ça dépend duquel) est pardonnable, ce n’est que du sexe et en plus loin de chez nous ; le ministre qualifiant un membre d’une communauté, en France, est impardonnable, ce n’est pas un acte, c’est une opinion non admise, c’est un délit. La drogue, l’alcool sont des stimulants pour les sportifs et les gens des médias ; les excès de consommation sont guéris dans des cliniques de désintoxication privées à l’abri de tous regards et de tous commentaires ; l’absorption de ces mêmes substances par le vulgum pecus est une tare verbalisable. Le maire s’affichant avec son gigolo est un partisan du progrès des moeurs, le directeur qui sort avec sa secrétaire est un adepte du harcèlement sexuel. Le vagabondage sexuel est poésie, aventure, recherche d’expérience, ouverture au monde, progressisme, dynamisme, le must du bobo, lili (libéral-libertaire), hipster, la fidélité prose terne, inappétence sexuelle, étroitesse d’esprit, réactionnaire, frilosité, la tare du petit-bourgeois, peine à jouir, intégriste. La recherche de paradis artificiels est sublimation, travers d’esprit cultivé, la beuverie, la coucherie, sont les domaines des frustes.
Teuf
Possibilité de passer une soirée sans rien entendre des conneries que débitent les autres invités, mais en s'infligeant le suplice d'un vacarme épouvantable baptisé abusivement musique. Rien n'est parfait.
Mot de passe
Un nouveau type de torture nous est infligé à tous les instants de notre vie : le mot de passe. Indispensable, pour prendre de l’argent au distributeur, pour ouvrir le portail de l’immeuble, pour votre téléphone, votre ordinateur, pour vos abonnements internet, pour mettre en sécurité votre bureau ou votre appartement, ou votre maison. Dans notre monde à la fois électronisé et méfiant, impossible de faire un pas, sans que l’on vous demande de justifier de votre identité sous la forme d’un de ces abominables identifiants, clés, mots de passe. Alors chacun essaie de simplifier pour retrouver les mêmes éléments dans sa pauvre tête farcie de numéros abracadabrants, avec ici des lettres majuscules ou minuscules, là des chiffres, là un mélange des deux. Le règne du compliqué pour accomplir des gestes élémentaires.
Sondages
Pour un ingénieur hydrographe, un sondage permet de définir la position du fond par rapport au zéro hydrographique. Que la tentation est grande d'essayer, en effe, de situer nos différents candidats à la présidentielle en-dessous du degré zéro de la programmation politique.
Pour un médecin, un sondage consiste à envoyer un flexible dans le corps d'un patient pour un diagnostic ou l'envoi d'un fluide. Comment ne pas penser à nos bateleurs de la politique qui essayent d'analyser toutes nos humeurs, pour nous envoyer ensuite le doux réconfort de leurs promesses.
Bronzer
Une belle patine est plutôt rare. Il lui faut des reflets rouges et dorés, du satiné, sans qu'elle luise ni rester terne. La nuance est difficile. Beaucoup aimeraient que que leur peau atteigne cette perfection, mais ils sont peu nombreux à la présenter. Quelle gâchis de trop voir des mains tavelées, des visages noircis (on dirait qu'ils ont été passés au brou de noix), des ventres ridulés par le soleil. Quel dommage d'embrumer des traits, flétrir des carnations, faire disparaître la beauté sous prétexte d'étaler sa nudité aux ardeurs des rayons.
Prudence
Qui ne rêverait d'un Achille ne tenant pas trop à exposer sa vie, et coulant des jours heureux chez ses myrmidons; d'une Yseut la blonde qui se serait méfiée de la coupe, emplie de philtre,offerte par sa servante, perpétuant la lignée des rois de Cornouaille; d'un Proust qui soignerait son asthme dans quelque station mondaine, laissant ses paperolles s'empoussiérer dans un tiroir; d'un Caravage policé, d'un Verlaine sobre, d'un Alexandre tatasse, d'un Céline quiet, tous prudentissimes signors économisant leurs talents, précautionneux, soucieux de leur petite santé, de leur gentil confort.
Et oui, partout, ils nous enthousiasment avec leurs conseils de prudence : n'approchez pas de la falaise, faites attention à tout et n'importe quoi, n'oubliez pas de prendre telle ou telle précaution, gardez-vous des maux qui vous menacent de partout, évitez les dangers que vous n'avez pas encore vus, ...
Pas de passion, pas d'excès, pas de dérive, pas de déconnade, de la tranquillité, de la quiétude, du déjà vu : tous les fruits de la prudence.
Moeurs dissolues.
Les moeurs dissolues se sont croit-on dissoutes dans l'exhibition. Comment imaginer des parties honteuses lorsqu'on les montre à tous. Quelle connotation péjorative peut avoir échangisme dans un monde qui pense que l'activisme, l'instantanéïté et la satisfaction du plaisir individuel sont des valeurs cardinales. Où regarder lorsque de tous côtés se pavannent les héros du "outing" . Rêves de décence, de pudeur, d'absence de douleur, vous êtes toujours là malgré tous ces braillards.
Nudisme
Nudisme : propension des peuples nordiques à exhiber leurs parties génitales aux rayons du soleil quand ils se déplacent vers le sud. Doit trouver son explication dans l’absence de chaleur de leur pays d’origine. A moins qu’il ne s’agisse d’une vague nostalgie d’un paganisme de folklore.
PACS
Mode de gestion de carrière, utilisé préférentiellement par les enseignants, pour éviter des nominations en des lieux qui leur déplaisent et pour se rapprocher de la cité où ils rêvent de passer leurs jours. Une fois titularisé, une fois syndiqué, l'enseignant responsable se préoccupe de trouver le compagnon idéalement localisé; leur union raisonable leur permettra, sans contrainte sentimentale, et avec la possibilité de révoquer tout celà en un tournemain, d'optimiser leurs demandes de mutation et de promotion. Pax et gratia misericordia.
Arsenic
Arsenic : métal que l’on trouve en abondance dans le sol des cimetières. Sans vouloir pousser trop loin la curiosité, il apparait évident que des haines inavouées et homicides en ont facilité la prolifération. Il est amusant de penser que l’origine grecque du mot arsenic signifie « qui dompte le mâle ». Serait-ce un indice s’il fallait expliquer ce surdosage ?
Burkini
Après le bikini et le monokini voici qu’arrive le burkini mélange rigolo de burka et de monokini. Après les fesses qui débordent d’un slip trop exigus et les seins tendus par des ficelles, puis les seins à l’air et la culotte devenue improbable, voici que revient une tenue à mi-chemin entre les froufrous de la baigneuse 1900 et la combinaison intégrale de la plongeuse de compétition.
Sport
Entre le "no sport" de Churchill , le "mens sana in corpore sano" de Juvénal, et l'idéal olympique de l'éducation du corps et de l'esprit par le sport, que choisir ? L'époque actuelle le fait pour nous en exaltant le sport comme une composante indispensable de notre épanouissement général; et pour en pas faire dans la demi-mesure, qui ne prône pas les vertus du trekking, de la salle de sports, ou du jogging; qui n'admire pas les athlètes qui offrent aux regards leur physique décharné (ou débordant de graisse) couverts de sueur dans leurs efforts pathétiques d'idolâtrisation de leur corps. Et les ventres plats qui font baver d'envie, et les biscotaux qui font se pâmer, et les foulées qui emmenent vers le nirvana des sportifs. Mais aussi les ventres piriformes qui ballonent au gré des mouvements de gymnastique, les seins qui tressautent au rythme des enjambées, les fesses qui tremblotent, les cuisses qui chevrotent, les maillots auréolés sous les aisselles, et les pieds qui trainent dans dans la poussière. Le sport, école de la laideur.
Euthanasie
Vilipendée par les médecins qui assaisonnent leurs patients d'antibiotiques et les maisons de retraite qui leur vident leur portefeuille. Querelle absurde que ceux qui prétendent ne pas donner la mort voudraient faire à ceux qui demandent uniquement que l'acharnement thérapeutique ne fasse se perpétuer des légumes. Mauvaise foi de médecins et de directeurs qui imposent une existence misérable à coup de médications à de pauvres hères qui ne peuvent plus protester. Ils luttent contre l'euthanasie,la bonne mort (en grec) : rien de plus vrai.
Sources et journalistes
Les sources du journaliste comme jadis celles du Nil doivent rester mystérieuses. Les Anciens aimaient à sacraliser les crues du grand fleuve, bénédiction divine récurrente. Les Modernes vénèrent les délations qui permettent d’irriguer de médisances anonymes les articles et commentaires de leurs torchons médiatiques.
Dommage collatéral
Un dommage collatéral est une action qui se situe en marge des mythologies acceptées de la guerre juste, de la lutte de libération, des combats pour la paix, sans bénéficier de la sympathie des médias. Ce statut privilégié du « dommage collatéral » dépend un peu du nombre des victimes, mais surtout des bonnes intentions de ceux qui ont procédé à l’opération. L’assassinat est tolérable s’il est pratiqué avec bonne conscience.
Sécheresse
Mot galvaudé par des paysans qui ne comprennent plus ce qu’est un aléa climatique. Mot-friandise pour ministre qui peuvent concevoir des plans sécheresse, des impôts sécheresse, des comités sécheresse. Mot-gargarisme pour les médias qui dans le même souffle ou vous montrent une vue de terre fendillée d’où s’élancent quelques misérables pousses vertes, ou vous assaisonnent d’un micro-trottoir du genre « on n’a jamais vu ça depuis la nuit des temps ». Et quand par malheur il pleut en plein milieu d’une sécheresse, le chœur entonne l’air de l’ondée inefficace dont les flots ravinent sans apporter grand-chose aux nappes phréatiques frénétiquement forées, surexploitées, épuisées.
Compétition
Compétition : admise, encouragée, magnifiée lorsqu’il s’agit de comparer des performances physiques ; huée, maudite lorsqu’il s’agit des performances intellectuelles ; dans le premier cas elle exalte le dépassement de soi-même, le sens de l’effort, le courage face à la soufrance physique ; dans l’autre cas elle démotive, elle crèe des élites oppressives, elle compromet l’égalité des chances. Drôle de culture où les gros bras sont adulés tandis que les esprits curieux sont regardés avec méfiance.
Gay Pride
Sodomites et sodomisés, anxieux de la réprobation millénaire qui les a maudit , exigent de pouvoir se marier entre eux, comme une repentance de ceux qui les ont invectivés, comme une expiation de ceux qui ne sont pas comme eux, comme une ridiculisation de ce qu’ils ne peuvent pas connaître.
Bougres et bougresses ne supportant plus l’ infertilité de leurs accouplements, réclament une descendance. Bizarre exigence qui sonne comme une provocation pour les couples stériles. Etrange souhait d’hédonistes qui veulent s’infliger les tourments, les déceptions, les malheurs de parents. Envie normalisatrice de ceux qui furent en quêtes d’expériences hors normes.
Qui ne peut être content de se glorifier de l’intensité de ses amours, de la continuité de ses fidélités, mais la marche des fiertés devient le défilé des envies insatisfaites. Les gais sont devenus tristes.
Handicapé
La bonne conscience d’une municipalité se mesure au nombre de places handicapés réservées dans les parkings autos : leur prolifération met en valeur l’affichage de la bonté, de la charité, du sens des autres, du goût du social des élites édilaires. Au cas où l’égoïste insolent vienne se ranger sur l’un des innombrables emplacements vides il est rappelé à l’ordre par le slogan « si tu prends ma place, prends mon handicap » : monument du mauvais esprit qui conjugue la bêtise (Qui a envie d’être handicapé ?) au moralisme pédagogique (Exemple de dialogue entre le responsable conscient de ses devoirs et l’abruti qu’il faut sortir des bas-fonds de son immoralité).
Les moeurs de Messaline et d'Antinoüs
Les mœurs ont-elles évolué depuis Messaline et Antinoüs ? Certaines le prétendent, croyant que donner ou vendre son corps à grand renfort de publicité est très novateur. Certains l’affirment en proclamant très haut tout le progrès que représente l’étalage d’amours homosexuelles. Toujours cette prétention à croire innover alors que l’on répète. Les mœurs ont la vie dure.
La question du taliban : aéroport ou abribus ?
Les aéroports ensevelis par un délire paranoïaque. Bouteilles d’eau minérales, tubes de dentifrice, pot de confiture, n’importe quoi est prétexte au soupçon de terrorisme, immédiatement confisqué à l’inquiétant voyageur, et jeté triomphalement dans une poubelle (sans tri sélectif, d’ailleurs) . Les voyageurs postulants, pieds nus, sans ceinture, sans bagage, doivent passer, un par un, sous le joug d’un portique qui, au gré d’impulsions incontrôlées, désigne de sa sonnerie stridente, le potentiel preneur d’otage ; l’impétrant est aussitôt tripoté, palpé, fouillé, sous les yeux moqueurs de ceux qui sont passés sans bruit, avant d’être relâché faute de preuves.
Imaginons le joyeux bordel lorsque ce délire gagnera des lieux plus propices à nos ennemis talibanesques terroristes terrifiants, comme les gares, stations de métro et abribus.
Bachelot et la fumée du tabac
Elle est fumasse. Elle nous enfume avec les sempiternels bavasseries des tabacologues. Elle est là pour sauver nos vies et nos santés du péril du pétun. Elle ne veut plus de ce parfum de tabac là où les gens s'amusent et travaillent. Mais elle adore remplir les caisses de l'état avec les picaillons de ces maudits fumeurs : braves inconscients aidez-nous à combler les déficits d'aujourd'hui, à alléger les retraites de demain.
Vitesse et conducteurs
Ah le bon temps des grandes vitesses sur les autoroutes ! Concentrés sur la ligne de trajectoire, attentifs aux voitures qu’il fallait dépasser (ou qui nous dépassaient), frémissant du vent que l’on entendait siffler par une vitre légèrement entrouverte, conduire était un plaisir et un art. Mais les pisse-froids se sont mis de la partie : le même qui roule à 50 kilomètres à l’heure dans la rue centrale d’un village imaginée pour la circulation de chevaux et de charrettes, se croit autorisé à lyncher ceux qui roulent trois fois plus vite sur des voies qui ont été conçues pour cela. Les conducteurs assoupis et inattentifs s’emmerdent dans les convois poussifs.
Un curriculum vitae : Cur ? Quis ? Quid ?
Sur votre curriculum vitae n’indiquez pas votre nationalité (sauf si vous postulez à poste dans l’administration), votre sexe (qu’importe que vous soyez homme ou femme), votre âge (il faut éviter le racisme anti-jeune ou anti-vieux ), votre adresse (une habitation en cité fait racaille), votre origine ethnique ou géographique (là vous donneriez des armes au racisme le plus primaire), votre religion (ce serait provocation obscène). Indiquez juste les études que vous avez ratées, ou mal digérées, les employeurs avec qui vous vous êtes fâchés, et puis tartinez, exagérez, mentez un maximum sur ce qui est invérifiable : les associations caritatives que vous avez animées, vos goûts pour la musique, les voyages et autres fadaises, vos qualités de sérieux, de contact, de travail en groupe, votre désir fou pour le poste qui est proposé et dont vous rêviez depuis que vous étiez gosse.
Ce n’est plus un CV, mais une énigme, une imposture, un problème à trop d’ inconnues, une tartufferie, un Croassement dans le Vide, un Calcul Vain, une Couillonade pour Vieux-pensants, un Casse-tête Vicelard, une Connerie pour des Veaux, une Colossale Vacherie, une Critiquable Vision, une Cacahuète Vide, un Cache-sexe de la Vérité , une Carambouille de Vasière , un Colifichet pour Ver de terre, une Charade en Volapuk.
Football : un miroir ?
Miroir de la société, le football clame ses principes.
- au respect des règles, il répond rusé : « pas vu, pas pris » ;
- face à la décence, il étale sa vulgarité : salaires de millionnaires, petites pépées, mépris des supporters ;
- à la misère sociale, il propose un modèle de la réussite dans le cynisme des conduites et la sacralisation des performances physiques ;
Ah que je pleure de nous voir si laids en ce miroir !
Vie sans fin
La protection de la vie se manifeste au détriment de la dignité des êtres humains. Des comateux se retrouvent transformés en objets de laboratoire sur lesquels on expérimente de nouvelles techniques : indignité du praticien, lâcheté des parents. Des vieillards hagards survivent avec de hautes doses d’antibiotiques : misère d’une fin de vie, chagrin des enfants. Culture du résultat qui se tétanise sur le seul facteur de la prolongation de l’existence au détriment d’un humanisme élémentaire.
L'allongement de la durée de la sénilité
Ah combien nous tannent avec les bienfaits de l’allongement de la durée de la vie ! De fait une incarcération à perpétuité dans des hospices ou asiles baptisés maisons de retraite.
Ah combien nous vantent les merveilles de la médecine qui nous permet de profiter de nos années de vieillesse ! Que ne nous parlent-ils pas des camisoles chimiques subies par les vieillards, de l’acharnement thérapeutique à submerger d’antibiotiques de pauvres êtres qui ne demandent rien, sinon peut-être mourir.
Non vraiment, de bonnes visites à ces débris humains qui furent jadis nos amis, nos parents, vous guérit définitivement de toute admiration sur ce soit disant progrès qu’est l’allongement de la durée de la sénilité.
Un froid de gueux
Un froid de gueux. Effectivement ce sont bien eux qui souffrent le plus. Qu’ils ruminent et méditent cette phrase d’un excellent collaborateur, chercheur de la météorologie française : « il fait moins froid qu’il n’aurait pu faire si le réchauffement climatique ne produisait déjà ses effets ». L'infernale bêtise du propos les réchauffera-t-elle ?