L’Allemagne a perdu son âme pendant la première moitié du XXème siècle. Conquise, dépecée, violée, elle n’a dû une résurrection limitée qu’au conflit immédiat entre ses vainqueurs. Mais cette résurrection ne s’est faite que dans une acception purement matérialiste : elle s’est éclatée dans la production à outrance, la religion de la qualité des produits, la recherche d’un confort étriqué. Elle a refusé la main tendue par le général de Gaulle et n’a accepté dans sa proposition que la partie oubli du passé, et refusé tout le côté entente pour l’avenir. C’était l’aveu de la frilosité de ce pays, sa résignation à un destin mutilé, son abdication de toute responsabilité qui pourrait faire renaître les démons du passé.
Le couple franco-allemand est mort-né. La galopade effrénée des présidents français pour tenter de réanimer ce cadavre est dangereuse pour notre pays qui se trouve entraîné dans une spirale nihiliste. Ce qui est indispensable pour faire une nation est refusé avec entêtement par l’Allemagne : refus de toute armée digne de ce nom, refus de toute intervention extérieure même pour défendre des intérêts légitimes, asservissement au parapluie nucléaire américain et au commandement américain au sein de l’OTAN pour défendre son existence même. Ce qui est l’avenir du pays est négligé : décrue démographique, acculturation au panturquisme avec l’importation massive de paysans anatoliens islamisés. Dans cet énervement, les dirigeants naviguent à vue, n’espérant plus trouver d’autre avenir que celui de prolonger autant que faire se peut la survie de ce pays de vieillards et de jeunes sans boussole.
La France se retrouve alliée à un pays qui n’en fait qu’à sa tête :
- C’est l’Allemagne qui a provoqué l’éclatement de la Yougoslavie et la guerre civile qui s’en est suivie ; par souci de ses intérêts court-termistes du développement de pays de sous-traitance en Slovénie et Croatie ;
- C’est l’Allemagne qui est la cause de la création d’une Union Européenne ingérable qui a intégré des pays de l’Est qu’il lui fallait à tout prix détacher d’une Russie qu’elle croyait menaçante ;
- C’est l’Allemagne qui a œuvré pour une zone monétaire qui a associé des zones aux coûts surévalués (tout l’arc méditerranéen et la France) et une zone aux coûts sous-évalués (Allemagne et pays du Nord); l'Allemagne a conservé son confort, les pays du sud ont perdu une grande partie de leur industrie.
A cette malédiction qui a vicié la création de l’Europe et quasiment saboté tout espoir de développement dans sa forme actuelle, elle a ajouté son égoïsme de vieillard sénile qui, dans son souci de protéger le peu de vie qui lui reste, prend ses décisions tout seul, sans s’embarrasser des avis d’autres qui pourraient l’entraver. Et j’importe un million de turcs pour trouver une main d’œuvre manquante à bas prix, et je ferme mes centrales nucléaires pour faire plaisir à des jeunes épris de décroissance, et j’importe du gaz de Russie pour faire fonctionner quand même mes usines : un bric à brac sans cohérence, marqué par l’improvisation, exempt de toute concertation avec ses voisins.
De cette analyse, ressort l’idée que l’urgence est de trouver d’autres points d’appui que ce pays mourant qui risque d’entrainer toute l’Europe dans sa crise de nerf existentielle. Il faudrait que les pays qui veulent survivre en prennent conscience et décident de cantonner l’Allemagne et ses valets nordiques dans une union particulière qui leur assurerait une fin de vie digne. Et rapide.