L’union Européenne : il ne faut pas la quitter. Il faut en abuser. Il faut la laisser végéter en entravant toutes ses initiatives. Elle est incorrigible dans son statut actuel : pas de décision possible avec les systèmes de veto existants ; pas d’âme avec les refus obstinés de considérer qu’il existe une civilisation européenne qui ne se dissout pas dans un multiculturalisme mondial ni même dans un monde occidental ; pas d’avenir pour une organisation phagocytée par un germanocentrisme sans ambitions autres qu’une confort petit bourgeois. Elle a fait la preuve de son inefficacité en laissant la guerre s’installer de façon endémique dans les Balkans, en laissant l’industrie s’écrouler en France et dans tous les pays méditerranéens, en laissant un islamisme conquérant s’emparer de larges zones où règne une charia a peine atténuée.
L’exemple qui peut donner des idées est celui du groupe de Visegrad. Composé de la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie il essaie d’imposer un sous-ensemble au sein de l’Europe qui veut faire prévaloir ses priorités : l’intégration à l’Otan comme rempart contre la Russie, la volonté de limiter l’immigration. Ce groupe créé en 1991 essaie de s’élargir pour imaginer une nouvelle politique énergétique moins dépendante en lançant l’initiative des trois mers pour tenter d’élargir leur groupe aux pays baltes, la Roumanie, la Bulgarie, la Croatie.
Il est urgent de fonder un groupe de quelques pays autour de quelques idées fortes :
- Une protection efficace contre l’immigration sauvage, venue de Turquie, du Maghreb, du Sahel,
- Une politique énergétique pragmatique laissant une large place à une transition nucléaire,
- Une politique de défense qui s’éloigne et de l’OTAN et d’un non-interventionisme mortifère,
- Une politique étrangère qui affirme un rôle de présence internationale sur les plans du commerce et de la culture, sans être handicapée par une hostilité systémique vis-à-vis de la Russie,
- Une politique budgétaire qui permet une entraide entre les pays du groupe.
L’idée serait à explorer avec un arc méditerranéen : Portugal, Espagne, Italie, Grèce, plus Malte et Chypre. Créer autour de ces pays volontaires un nouveau pôle de solidarité et de puissance destiné à faire face d’une part au groupe de Visegrad, d’autre part à la ligue des pays « radins » ou « frugaux » : Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche, soutenus en sous-main par l’Allemagne.
La France peut et doit jouer un rôle moteur dans une telle initiative. Il s’agit de répudier cet axe Franco-allemand qui conduit à la vassalisation envers une Allemagne handicapée par sa faillite morale et démographique. Il s’agit d’oublier cet atlantisme qui veut faire croire que les Etats-Unis seront toujours là, en toutes occasions, pour défendre le continent européen ; leurs soucis sont pour un temps plus tournés vers l’océan pacifique que l’océan atlantique. Il s’agit de créer un nouveau pôle dynamique au sein de l’Union Européenne, qu’il serve de nouveau moteur pour recréer une Europe plus adaptée au monde actuel que celle imaginée du temps de la guerre froide, plus efficace que celle trafiquée par des politiciens sans envergure, plus européocentriste que celle voulue par des intellectuels oublieux des valeurs maturées dans nos pays.