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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 10:37

Monsieur Moïsi, dans votre chronique des Echos d'aujourd'hui, vous diagnostiquez que la guerre en Afghanistan est déjà perdue par l’Occident et qu’il faudrait que les puissances régionales, Pakistan et l’Inde prennent le relai. Perdue faute de capacités militaires de l’Amérique et de ses alliés de l’OTAN, faute de moyens financiers, faute de volonté politique. Je compléterai en disant que c’est faute de volonté politique  que les moyens financiers et donc les moyens militaires ne sont pas là.

L’absence de volonté cache mal l’incertitude de l’Occident quant aux buts de guerre ; sans en parler vous en évoquez deux :

-          L’Afghanistan, région stratégique

-          Un objectif moral qui est je suppose la défaite des talibans .

Ni l’un, ni l’autre de ces buts n’est évident.

L’Afghanistan ne présente stratégiquement que peu d’intérêt : il ne recèle pas de richesses naturelles ou produits de l’industrie humaine d’importance ; il n’offre pas de voies de communications entre différentes régions. La route de la soie n’est plus depuis longtemps (et ce n’était d’ailleurs que l’une des routes possibles qui transitait par l’Afghanistan), le « grand jeu » qui mit aux prises les anglais et les russes pour contrôler ce pays n’avait de sens que du fait de la partition de fait de la Perse (l’Iran) entre deux zones d’influence. Géopolitiquement ce pays est de nos jours une impasse, au mieux une forteresse. Bien entendu on peut toujours dire que du haut de cette forteresse, des armées fanatisées pourraient menacer ses voisins et en particulier le Pakistan. Certes, mais alors, je vous rejoins : ce n’est qu’une question régionale, à résoudre régionalement par les pays intéressés, c'est-à-dire le Pakistan, l’Iran (que vous ne citez pas, mais qui est bien entendu un des premiers concernés par la stabilité de cette région), voire l’Inde. L’intérêt de l’Occident n’est que plus lointain : protéger le Pakistan, possesseur de la bombe atomique, de toute inféodation à un régime extrémiste.

 

L’objectif moral  est nébuleux maintenant. Il était bien entendu, nécessaire moralement pour les Etats Unis de venir châtier ceux qui avaient collaborés à un attentat monstrueux et  effrayant ; il s’agissait plus en l’espèce du « moral » des américains à restaurer. La poursuite de cette aventure a voulu s’habiller de valeurs occidentales, telles que la démocratisation, et ce qui l’accompagne comme la liberté d’opinion, la liberté des femmes. Valeurs que nous portons en avant avec beaucoup d’arrogance, sans nous préoccuper beaucoup de ce qu’elles peuvent être déclinées de toute autre façon dans des cultures qui ne sont pas les nôtres ; arrogance qui j’en suis sur conduit les talibans à s’enfermer dans un régime particulièrement obscurantiste. Je ne suis pas d’accord pour dire qu’imposer la démocratie est un objectif moral ; et d’autant plus lorsque cela aboutit en Afghanistan à l’instauration d’un régime fondé sur la prévarication, et qui fait de la culture du pavot le pilier de son économie.

 

Je crois comme vous qu’il faut  tenter d’impliquer les puissances régionales Pakistan, Inde, Iran, voire Chine et Russie. Ils sont tous en première ligne. Ils sont tous réellement menacés à court-terme par une instabilité de l’Afghanistan qui pourrait s’étendre au Pakistan. Mais les vieux schémas ont la vie dure. L’Occident se croit toujours investi d’une mission. Là est le sujet. Nous n’avons plus de mission. Quitter l’Afghanistan rapidement, en l’annonçant clairement, serait le double signe

- que l’Occident n’est plus le gendarme du monde ; qu’il appartient dans un monde multipolaire à chaque grande région de s’assurer de sa stabilité ;

- que l’Occident n’a plus de grande croisade à mener ; après avoir voulu convertir des populations entières au christianisme, après avoir voulu convertir le monde au progrès par la colonisation, il faut montrer que nous voulons traiter tous les grands pays émergents sur pied d’égalité sans présomption culturelle.

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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 17:06

Monsieur Rasmussen, expose la politique de l’OTAN dans le Figaro du 27/10/2009.

 

Il montre tout à fait clairement le marché de dupes auquel a souscrit Nicolas Sarkozy en réintégrant la France dans l’organisation militaire de l’OTAN. Beaucoup avait cru comprendre que c’était une sorte d’entrisme. L’idée de relancer la défense européenne en étant au centre du dispositif. L’idée de faire lâcher par les américains leur totale mise sous tutelle de cet organisme. Ses propos, dans une très pure langue de bois, sont en réalité parfaitement clairs :  n’espérez rien de concret sur la réforme du commandement de l’OTAN.

 

Il explique aussi, ce que l’on attend toujours en France, les buts de guerre en Afghanistan. Vieux laïus toujours resservi par les nations qui sont engluées dans des conflits ingérables :

-          Il faut transférer les responsabilités aux Afghans,

-          On ne peut laisser l’Afghanistan devenir un sanctuaire pour les terroristes.

 

Ce sont les mêmes antiennes, qu’au Vietnam, qu’en Algérie en particulier. Jadis il fallait contenir le communisme, ou le nationalisme arabe. Jadis il fallait constituer des armées locales avec certaines populations (vietnamiens du sud, harkas).

Il reprend , bien entendu, le même refrain que jadis : il est absolument nécessaire de renforcer à court-terme les moyens tant en hommes qu’en matériel.

 

Qui va proposer  le retrait de la France de l’OTAN puisque de toute évidence ce n’est pas le bon cheval pour créer une véritable armée européenne ?

Qui va proposer notre retrait d’Afghanistan. Si c’est un sujet majeur de crainte de contamination pour les russes et les chinois, que ne leur proposons-nous pas de nous remplacer ?

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