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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 11:44

L’indépendance du Kosovo  est une aberration : un pays enclavé, sans autonomie économique possible, qui  n’a pour vocation que d’être absorbé par son voisin albanais. 

Qu’un tribunal, émanation de l’ONU, ne voie pas d’illégalité à la proclamation d’indépendance de ce confetti est proprement hallucinant.  La Serbie est née d’une violation du droit international le plus élémentaire qu’a été la dissolution par les Etats-Unis, appuyés par les Européens (les Allemands en pointe) de la république fédérale de Yougoslavie. Ce forfait accompli (car mettre fin à une guerre civile n’impliquait pas de faire disparaître un état), les alliés se sont acharnés sur le vaincu (la Serbie) pour appuyer tous les mouvements irrédentistes. Comme justice ce n’est que la loi du vainqueur.

Où sont les attendus qui peuvent justifier qu’un pays n’a plus le droit d’exister ? Même en Afghanistan, personne n’a imaginé de créer un  Patchounistan, un   Daristan . Même après l’écrasement de l’Allemagne en 1945, et la révélation de ses crimes, il n’ a pas été procédé  (quoique certains y aient pensé) à la suppression de ce pays ; et de fait il s’est reconstitué.

Où sont les attendus qui peuvent justifier que certaines ethnies aient le droit de se déclarer indépendantes et pas d’autres ? Quels sont les critères ? Pourquoi pas la Catalogne, la Flandre, la Lombardie qui ont des arguments autrement sérieux,  enracinés dans l’histoire ,  justifiables économiquement, identifiables par une langue. Les critères sont ceux du plus fort.

 

Tout ceci indique que les plus forts imposent leur loi.  Mais pourquoi donc ?

Les Etats-Unis sont à la manœuvre.  Ils agissent sous le double héritage qu’avait analysé Kissinger , de la diplomatie wilsonienne (les Etats-Unis propagateurs d’un idéalisme de liberté et de vertu, adversaires de tout impérialisme), et des réalités des responsabilités d’une super-puissance (les Etas-Unis, gendarmes du Monde). L’idée ancestrale qu’ils ont appliquée avec obstination de libérer les peuples qu’ils estiment colonisés, de répandre, depuis Wilson, dans les Balkans  l’autonomie de toutes les nations, a été mise en œuvre avec le bras armé de l’OTAN pour faire éclater la Yougoslavie, puis la Serbie. Mais aussi, en tant que dépositaires suprêmes de la sécurité du monde (qui, in fine est celle des Etats-Unis) ils pratiquent une « realpolitik »  qui consiste à tenter de ménager de grands équilibres entre différents pôles de puissance ; et là se trouve en jeu trois blocs que sont la Russie, l’Europe et le monde turc ; entre les trois le cœur des Etats-Unis ne balance guère : la Turquie est le bloc à favoriser parce qu’elle est plus faible que les deux autres, parce qu’elle peut représenter un pont avec le monde du Moyen-Orient ; la Russie représente peut-être un danger à terme et ne doit pas être ménagée en tant que support de la Serbie ; quant à l’Europe, tout le jeu est de maintenir sa subordination au sein de l’Otan, et le théâtre des Balkans est un des domaines où cette subordination humiliante  peut se manifester.

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