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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 16:38

Laurent Fabius le rappelait hier sur Antenne2 : que faisons-nous en Afghanistan ?

La question prend une importance capitale lorsque la rue arabe s’insurge contre des régimes autoritaires et corrompus en Tunisie,  en Egypte, en Lybie et que cette révolte est portée par un désir soudain de liberté et de démocratie et que le rôle des mouvements islamistes dans leur déclenchement a été insignifiant. Beaucoup d’observateurs ont été surpris de l’absence des références de naguère à l’Islam dans les manifestations qui ont enflammé le monde arabe de l’Atlantique à l’Océan Indien ; ces peuples que l’on pensait hostiles à tout ce que représentait l’Occident, s’assemblaient et se rebellaient tout d’un coup au nom de valeurs qui nous sont chères. Mais l’instabilité actuelle qui règne en Tunisie, en Lybie, en Egypte, la puissance des organisations religieuses ou des partis qui leur sont affiliés  n’interdit pas d’imaginer parmi les scénarios un retour de flamme de l’intégrisme musulman.

Notre participation à la guerre en Afghanistan d’incompréhensible devient nuisible.

Nous étions là-bas comme supplétifs des Etats-Unis ; pour gagner quelle reconnaissance, pour négocier quel avantage nul ne l’a entraperçu.

Nous sommes là-bas comme alliés d’un pouvoir corrompu sous influence de narcotrafiquants notoires ; la position n’était guère originale lorsque nos autres amis étaient Khadafi, Ben Ali ou Moubarak ; elle privilégiait l’idée qu’il valait mieux traiter avec qui l’on connaissait plutôt qu’avec des inconnus que l’on ne saurait maîtriser.

La raison majeure de notre intervention était notre croisade contre le terrorisme, incarné par les talibans qui essaient de détrôner le président afghan et sa camarilla. Le problème jusqu’à présent était que cette assimilation conduisait une grande partie du peuple afghan (ou plutôt la quasi totalité des tribus patchounes)  à s’inféoder à Al Qaida ; notre participation à une guerre civile intertribale faisait de fait basculer dans le camp des terroristes tous les opposants (et ils sont nombreux) au régime actuel de Kaboul.

Et enfin, venait la touche stratégique de géopolitique : si l’Afghanistan se délite, le domino suivant pourrait être le Pakistan, autrement plus dangereux du fait de sa maîtrise de l’arme nucléaire. Là encore, nous avons toujours privilégié une alliance avec un pays militarisé, au gouvernement manipulé par ses services secrets, au lieu de regarder avec l’autre puissance régionale qu’est l’Inde.

Cette intervention difficilement défendable, devient maintenant incongrue face à l’évolution du monde arabe : il n’est pas possible de proclamer (à juste titre) la non-intervention pour soutenir la cause des révoltés, en Lybie en particulier, voire ailleurs dans les semaines et mois à venir, et d’assumer la répression contre les populations afghanes rebelles. Il est incohérent de se réjouir de la chute des régimes des ploutocrates (kleptocrates ?) tunisiens, lybiens, égyptiens, et de s’afficher aux côtés de bandits sans scrupules au pouvoir en Afghanistan. 

La real politik commande que nous laissions les Afghans libres de choisir leur régime.

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